La cour d'assises spéciale va examiner dès lundi l'affaire du Junior, cargo arraisonné avec 3 tonnes de cocaïne à bord.
Procès du Junior: rappel des faits
Les marins du Junior seront jugés par la cour d'assises spéciale de Rennes pendant trois semaines. Le bateau avait été arraisonné en 2008 par la Marine nationale avec trois tonnes de cocaïne à son bord. Il avait ensuite été dérouté vers Brest.
Un procès particulier
Le Junior, cargo panaméen, avait été arraisonné en février 2008 par la Marine française dans les eaux internationales du golfe de Guinée avec plus de 3 tonnes de cocaïne à bord.
La cour d'asssises spéciale de Rennes, composée uniquement de magistrats, disposera de trois semaines pour déterminer le rôle de chacun des neuf membres d'équipage - un commandant et son chef mécanicien de nationalité grecque, six marins du Sierra-Leone et un originaire de Guinée Bissau - et de trois supposés organisateurs grecs dans cet important trafic à partir de l'Afrique de l'Ouest.
Sur les douze accusés, six ont été placés en détention provisoire alors qu'un organisateur présumé de premier plan est en fuite. Certains membres d'équipage qui avaient été remis en liberté pourraient ne pas être présents à l'audience.
Le verdict est attendu pour le 10 février.
Un bateau dérouté vers Brest
Le 7 février 2008, un navire militaire français (le bâtiment de projection et de commandement Tonnerre), renforcé par une équipe de commandos marine interceptait
le Junior alors que l'équipage commençait à jeter par dessus bord une armature métallique contenant 107 caisses de 30 kg de cocaïne d'une grande pureté. Trois jours plus tard, les autorités panaméennes renonçaient à leur compétence judiciaire au profit de la France et le Junior était alors dérouté sous bonne escorte vers Brest.
Jugé dans son propre pays, l'armateur grec du navire, Nikolaos Kornilakis, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en juillet 2009. L'affaire avait abouti grâce à un renseignement des garde-côtes grecs, transmis à la France par le Service de coopération technique international de police (SCTIP) qui avait permis à l'Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants (OCRTIS) de la police judiciaire française de retrouver le navire.
Le Junior, qui se rendait apparemment du Brésil vers Alger, était surveillé depuis des mois comme un bateau suspect par la DEA (Drug Enforcement Agency), l'agence américaine de lutte contre le trafic de drogue. L'enquête de la Juridiction inter régionale spécialisée (Jirs) de Rennes devait montrer que le bateau avait été accosté après quelques jours de mer par une embarcation de 13 mètres, sans pavillon, qui avait livré les pains de cocaïne
au large des côtes brésiliennes.
De la justice en eaux internationales
En 2008, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes avait rejeté une requête en nullité déposée par les avocats de l'équipage du Junior qui dénonçaient les "conditions de détention illégales" des marins entre l'arraisonnement du bateau et leur mise en garde à vue 18 jours plus tard à Brest. Désormais, les personnes privées de liberté à bord des navires doivent être placées sous la responsabilité d'un juge des libertés et de la détention, selon une loi du 5 janvier dernier concernant "la lutte contre la piraterie et l'exercice des
pouvoirs de police de l'Etat en mer".
En 2007, trois des marins grec, chypriote et chilien du Winner, bateau arraisonné en 2002 au large des Canaries qui avait transporté près de deux tonnes de cocaïne, avaient été condamnés à 20, 17 et 12 ans de réclusion par la cour d'assises d'appel spéciale de Nantes.