L'association Eau et Rivières de Bretagne lance ce mercredi une grande campagne contre les marées vertes, avec une pétition en ligne. L'objectif est de mobiliser la population et alerter les pouvoirs publics afin que des actions fortes soient engagées pour réduire drastiquement les taux de nitrate.
Amas d’algues, odeur d’œufs pourris et gaz toxique, dégradation du littoral : les marées vertes, qui défigurent une partie de nos plages, ont des conséquences catastrophiques. Exigeons des pouvoirs publics des actions fortes et efficaces pour que cesse enfin ce fléau
C'est le préambule de la pétition "Je dis stop aux marées vertes" mise en ligne ce mercredi par l'association environnementale Eau et Rivières de Bretagne et pour quatre mois. Une pétition que les citoyens sont appelé à signer et relayer. Une action déjà soutenue par de nombreuses autres associations, telle France nature environnement, Greenpeace, Youth for climate France, Agir pour l’environnement, Les Amis de la terre, Générations futures, ou Bretagne vivante, mais aussi par des personnalités bretonnes, comme le musicien Alan Stivell, l'ancien entraîneur de football Christian Gourcuff, ou l'agriculteur retraité André Pochon.
Cette première action en annonce d'autres : le samedi 5 juin, "une mobilisation visuelle et symbolique" est ainsi prévue devant la cité de la voile de Lorient.
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— Eau et Rivières de Bretagne (@Eauetrivieres) May 12, 2021
? Pour enjoindre les politiques à agir : signez et partagez notre pétition !https://t.co/hEc1fM6YMZ pic.twitter.com/XFxN1uJ54J
Faire pression sur les élus à quelques semaines des élections régionales
La pétition sera adressée aux ministres de l’Agriculture et de l’Écologie, au préfet de la Région Bretagne et au prochain président ou présidente de la Région Bretagne.
A quelques semaines des élections régionales, le but est d'en faire un sujet de la campagne et que les élus viennent chercher auprès des associations les bonnes idées pour demain
Avec l'objectif de faire pression sur les élus, avec cette "grande campagne d'opinion", qui doit selon les termes du cmmuniqué "obliger les pouvoirs publics à changer de braquet dans la lutte contre les algues vertes". Un fléau dont "la nature, l'économie et l’image de la Bretagne pâtissent".
Mise en cause du modèle agro-industriel breton
Le texte de la pétition met en cause le modèle agro-industriel, "la Bretagne élève plus de la moitié des cochons et une bonne partie des poulets et vaches de France", dont une bonne part de la nourriture est importée, comme les engrais utilisés pour fertiliser les cultures. "Grande distribution, industrie agro-alimentaire et syndicat majoritaire imposent ce modèle dépassé qui pollue la nature et participent aussi à la disparition des paysans" poursuit le texte. La conséquence, ce sont des taux de nitrate trop élevés dans les rivières bretonnes. Des taux excessifs, responsables de la prolifération des algues vertes sur nos côtes.
Des politiques publiques inefficaces, selon l'association
L'association dénonce encore des politiques "défaillantes", avec des plans de luttes qui se succèdent mais sans effet sur les algues vertes, toujours présentes sur les côtes d'années en années. "Malgré les promesses, sous la pression des lobbys, l’État et les collectivités ne prennent pas les décisions à la hauteur des enjeux".
Pour atteindre un objectif de réduction des taux de nitrate à 10 mg/l, Eau et Rivières de Bretagne, demande à ce que les pouvoirs publics favorisent "la diminution du cheptel breton", en étant plus "restrictif pour les autorisations de création et d'agrandissement d'élevage" qui préconise encore "de conditionner les aides publiques", de "renforcer la réglementation et le contrôle sur les épandages de déjections sur les terres" et d'"améliorer l'assainissement collectif et individuel". L'idée générale étant de "produire moins, mais mieux".
"Les conditions pour une inflexion du modèle agricole de demain"
Une campagne lancée actuellement parce que "toutes les conditions sont réunies pour créer une inflexion du modèle agricole de demain" remarque encore Arnaud Clugerie. Outre les échéances électorales, en ce moment se décide en effet la nouvelle PAC, politique agricole commune au niveau européen, une politique qui n'est pas sans incidence sur les politiques de protection de la nature. La 6e version du programme d'action national contre les nitrates (Pan) s'achève et le 7e commence. "Ce sont à la fois des leviers politiques, économiques, réglementaires, incitatifs comme coercitifs."
D'autant que début juillet doit sortir aussi sur le sujet, le rapport de la Cour des Comptes, qui évalue ce qui a été fait dans la région jusqu'à maintenant et dont on sait qu'il pointe non seulement le manque d'ambition politique mais aussi le décalage entre les budgets alloués à la lutte contre la prolifération des algues vertes, 120 millions d'euros depuis 10 ans et ceux destinés à l'agriculture. Les subventions de la PAC au secteur agricole en Bretagne ce sont en effet en moyenne 450 millions d'euros par an.