Diagnostiqué hypersensible aux produits chimiques multiples, ce Costarmoricain, souffrant de maux de tête et de courbatures depuis plus de six ans, demande au tribunal de Saint-Brieuc de reconnaître sa maladie professionnelle.
Du jour au lendemain, un mal de tête ininterrompu a empoisonné la vie de Pascal Gertsch. Du matin au soir. C’était le 12 mai 2014.
Depuis, aucun répit, ni pause, ni vacances. « Au départ, j’étais tout le temps couché. C’est très fatigant d’avoir mal en permanence. Ça enlève toute énergie. Je ressens des courbatures, surtout dans les jambes. C’est comme si j’étais grippé à longueur d’année. Je ne me souviens plus ce que c’est d’être bien, sans douleur » explique Pascal.
L’ancien chauffeur routier ne comprend pas alors ce qui lui arrive. Il doit arrêter son travail. Il est licencié pour inaptitude en novembre 2015.
A la suite de nombreux examens et investigations, son médecin lui propose de rencontrer un spécialiste des maladies professionnelles au CHRU de Brest.
Pascal Gertsch lui raconte son parcours. Les différents emplois qu’il a occupés. Il se souvient qu’il a connu les mêmes douleurs quand il travaillait dans une casse automobile de Plérin où il est resté pendant treize ans. A l’époque, il manipulait de l’essence en grande quantité pour nettoyer des moteurs, mais aussi pour laver les sols. « Quand on est passé à l’essence sans plomb, j’ai fait plusieurs malaises, je ne me sentais pas bien. On se lavait les mains à l’essence, la peau pelait. J’avais déjà de violents maux de tête mais ça passait ».
Un syndrome d’intolérance aux odeurs chimiques diagnostiqué
Le centre de pathologies professionnelles de Brest diagnostique un syndrome d’intolérance aux odeurs chimiques. Il n’existe pour l’heure aucun traitement efficace pour aller mieux. Il faut apprendre à vivre avec. Pascal Gertsch n’est pas seul en revanche à souffrir de ce syndrome. En contactant l’association SOS MCS « Hypersensibilité chimique multiple », il fait la connaissance d’hypersensibles handicapés comme lui. Tous souffrent des mêmes maux. La sensation d’avoir la tête coincée dans un chapeau terriblement serré, les yeux qui piquent au moindre parfum, l’impossibilité de se concentrer, de conduire.
Une vie réduite
Pascal a renoncé à lire. Au bout de quelques lignes, il a le tournis, la sensation de tomber dans les pommes. Il réussit parfois à regarder un film dont il a tout oublié le lendemain. Sur la route, sa vue se brouille, il ne sait plus où il se trouve, il a le mal de voiture. « Aujourd’hui, je fais n’importe quoi » constate-t-il « j’oublie beaucoup de choses. J’adore la musique mais un concert aggrave mon mal de crâne. C’est une fatigue générale qui n’en finit pas ».
A 61 ans, Pascal Gertsch pourrait être un paisible retraité. Mais il a connu trois ans de chômage et six mois sans aucun revenu depuis 2014. L’Assurance maladie lui refuse la reconnaissance en maladie professionnelle. Il vit avec 400 euros d'allocation de solidarité.
Une action en justice
Il sera le 28 janvier 2021 au tribunal de Saint-Brieuc avec son avocate Maître Hermine Baron pour plaider sa cause. Accompagné dans son combat par le Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’ouest.
« Ce qui me taraude c’est l’injustice. Ce n’est pas pour l’argent. Je veux être reconnu comme victime d’une maladie professionnelle. Je ne suis pas un tire-au-flanc, j’aurais aimé continuer à travailler normalement ».