Le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian revient dans le jeu politique breton. Il créé un mouvement rassemblant tous les progressistes. Sans arrières-pensées électorales, mais avec un seul objectif : être un laboratoire d’idées pour la Bretagne.
Depuis plusieurs mois, le quai d’Orsay et ses innombrables voyages l’obligeaient à un certain éloignement. Mais celui que l’on surnomme "le menhir" est désormais de retour sur la scène régionale. Mi-novembre, Jean-Yves Le Drian avait placé un premier petit caillou en s’exprimant sur le mouvement des Gilets jaunes à Europe 1. Son avertissement à l’exécutif n’était d’ailleurs pas resté inaperçu.
Un nouveau CELIB
Ce week-end du 24 novembre, il est définitivement de retour en proposant un nouveau mouvement baptisé "Progressistes bretons- Breizh Lab". Il le voit comme une sorte de laboratoires d’idées, de club rassemblant les hommes et les femmes de bonne volonté. Jean-Yves Le Drian est persuadé que la Bretagne, de part son histoire et son identité, peut être un antidote face aux dangers qui menace l’Europe.
C’est aussi pour lui une manière de rendre à la région tout ce qu’elle lui a apporté. Le mouvement se réunira pour la première fois le 16 décembre prochain à Lorient, là où tout a commencé pour l’ancien président de la Région. Là aussi où les amis de Jacques Delors, dont Jean-Yves Le Drian faisait partie, tentaient de faire vivre des trans-courants au PS. Un deuxième rassemblement est prévu fin janvier à Saint-Brieuc.
Pas d’ambition électorale
Car avec ce « Breizh Lab » , le « Menhir » s’adresse aussi à une bonne partie de l’échiquier politique. L’appel est lancé au Modem , au PS, à la droite modérée, aux régionalistes et bien sûr à la République en Marche.
De nombreux députés macronistes ont d’ailleurs tout de suite annoncé sur les réseaux sociaux ou par communiqués de presse leur adhésion. Parmi eux, Laurence Maillard-Méhaignerie avec la perspective d'un "combat pour l'Europe", Gwendall Rouillard pour qui "son expérience sera bien utile à nos territoires", Gaël le Bohec, Bruno Joncour ou encore le député du Morbihan Jean-Michel Jacques. Paul Molac a également fait savoir que Jean-Yves le Drian pouvait compter sur lui et se dit prêt à contribuer aux débats "nécessaires pour que la Bretagne avance".
Les Progressistes bretons avec Jean-Yves Le Drian : une initiative heureuse et utile autour d’une personnalité reconnue, respectée, qui rassemble.
— Bruno Joncour (@BJoncour) November 24, 2018
La Bretagne est la proue de l'Europe. Je serai auprès de @JY_LeDrian
— Gael Le Bohec (@GaelLeBohec) November 23, 2018
pour porter les drapeaux bretons et français en @EuropeEnMarche@enmarche35@enmarchefr https://t.co/logWx9tJlK
Je rejoins le Mouvement des Progressistes bretons impulsé par @JY_LeDrian. Face aux nationalismes, sa voix et son expérience seront bien utiles à nos territoires, à la France et à l'Europe... #Soutien #Horizon #Idées #Progrès #Rassembler #Fidélité #Lorient ?? pic.twitter.com/vYDFpidqzW
— Gwendal ROUILLARD (@G_ROUILLARD) November 24, 2018
La Bretagne a toujours été au rendez-vous des grandes échéances européennes. Le combat pour l’Europe nécessite un grand rassemblement en Bretagne et aussi toutes les unions des bonnes volontés ?? https://t.co/cc6tMCdOVh
— Laurence Maillart M (@LMaillart) November 24, 2018
une démarche cousue de fil blanc
Chez les socialistes bretons, les réactions sont beaucoup moins enthousiastes.Yohann Nédelec , maire du Relecq Kerhuon et chef de file du PS dans le Finistère , s’interroge : "des Progressistes avec des LR et des LREM qui sont en fait des conservateurs et des libéraux, je ne vois pas bien ce dont on pourrait discuter avec eux" a-t-il exprimé, "la trahison de Jean-Yves Le Drian en 2017 est dans toutes les têtes, je n’ai guère d’intérêt pour une démarche cousue de fil blanc".
"Jean-Yves Le Drian doit beaucoup aux militants, et il les a quittés" a estimé pour sa part Marylise Lebranchu. "Le ministre des Affaires Etrangères et européennes a peu de temps libre pour une association, mais il peut mettre sa force et ses moyens pour que l'Europe bouge et ne soit plus cette Europe libérale et technocratique qui provoque des rejets que l’on comprend".
À droite, notamment au sein de l’opposition régionale, la main tendue de Jean-Yves Le Drian arrive sans doute à un mauvais moment. Elle risque de mettre à jour un fossé qui se creuse de plus en plus entre modérés et conservateurs, à seulement trois ans de la prochaine élection régionale.
Même si le chef de file de l’opposition au conseil régional, le député des Côtes d'Armor Marc le Fur, préfère lui souligner "la cacophonie" qu’illustre pour lui la démarche de Jean-Yves Le Drian au sein du camp macroniste.
@RichardFerrand recevait les maires breton mardi à @AssembleeNat . @JY_LeDrian annonce la création des #progressistes ce samedi. #cacophonie en #Macronie bretonne ? Quid de @LoigCG ? Éclatement de la majorité en @regionbretagne ?
— Marc Le Fur (@marclefur) November 25, 2018
Une chose est sûre, le ministre des Affaires Etrangères écarte toute ambition électorale. Lui-même ne briguera plus de mandats, et le label « breizh lab » n’a pas vocation à présenter des listes.
L’ombre tutélaire de Jean-Yves le Drian
Reste aujourd’hui à connaître le positionnement de 2 personnalités.
Loig Chesnais Girard , le successeur de Jean-Yves Le Drian à la tête de la région, sera sans doute soulagé de voir son mentor renoncer à tout nouveau mandat. Il pourrait être intéressé également par l’émergence d’une nouvelle étiquette politique, dans laquelle pourrait se reconnaître sa majorité aujourd’hui très hétéroclite.
Richard Ferrand , le président de l’Assemblée nationale, député du Finistère, peut constater le ralliement spontané de beaucoup de ses amis parlementaires bretons LREM au Breizh Lab.
La preuve que le pouvoir d’attraction de Jean-Yves le Drian reste intact. La preuve qu’en Bretagne, le macronisme est peut-être encore à la recherche d’un chef de file.