La Commission européenne vient de proposer une interdiction totale de la pêche au bar les six premiers mois de l'année 2016 puis une limitation drastique le reste de l'année. Ces propositions, négociées mi-décembre, provoquent l'indignation des professionnels et du député européen Alain Cadec.
Pour sauver le stock en péril de bar, la Commission européenne ne fait pas dans la demi-mesure. Dans ses propositions sur les totaux admissibles de captures (Tac) pour 2016 en Manche, mer du nord et mer Celtique, elle propose une interdiction totale de la pêche professionnelle au bar de début janvier à fin juin. Puis pour la seconde moitié de l'année, une limitation professionnelle de ce poisson à une tonne par mois et par navire (contre 1 à 3 tonnes/mois, selon les métiers, en 2015). En ce qui concernerait la pêche récréative (loisir, plaisance), ce serait un bar par personne et par jour, contre trois aujourd’hui. Aucune restriction n'est prévue dans le Golfe de Gascogne.
L'arrêt de mort des 200 ligneurs du littoral
Incompréhension et stupeur, ce sont les sentiments exprimés par l'association des Ligneurs de la Pointe de Bretagne, qui dans un communiqué explique que : "Les ligneurs dépendent du bar à plus de 80% et aucune possibilité de diversification ne leur est offerte : pas d’autre espèce à pêcher à la ligne, et pour la plupart, des bateaux trop petits pour envisager une reconversion aux filets ou aux casiers". "Interdire la pêche du bar pendant six mois, ce n’est rien moins que signifier un arrêt de mort immédiat aux 200 entreprises qui, sur ce littoral, vivent de cette technique."
L'indignation de l'Euro-député Alain Cadec
Le député européen, Alain Cadec, (Les Républicains), président de la commission de la pêche, leur emboîte le pas : "C'est l'arrêt de mort de la pêche du bar, aussi bien pour les professionnels que pour les pêcheurs récréatifs, notamment les ligneurs qui pratiquent une pêche responsable!" il ajoute : "Je suis évidemment favorable à des mesures européennes fortes pour protéger le bar mais il ne faut pas faire n'importe quoi!"
"La Commission fait une nouvelle fois preuve d'aveuglement bureaucratique. Elle fait unilatéralement des propositions extrêmes, sans concertation avec les représentants des pêcheurs professionnels et récréatifs, qui sont pourtant prêts à faire des efforts significatifs."
Du "bricolage" pour Isabelle Thomas, député européenne PS
La réaction d'Isabelle Thomas, également députée européenne (PS) et membre de la commission Pêche au Parlement, va dans le même sens : « C'est un vrai coup dur pour les pêcheurs. La Commission, qui est restée des années les bras croisés face aux alertes répétées sur l'état du stock de bar, opère un virage à 180° avec des décisions qui mettent les pêcheries en grande difficulté. Mais elle les fixe à la louche, unilatéralement et sur des bases scientifiques très insuffisantes de son propre aveu. Elle note cependant qu'"Au moins cette fois les efforts sont répartis équitablement, tant sur la pêche professionnelle que récréative. Mais ça reste du bricolage et du sauve qui peut. La seule véritable solution pour protéger l'espèce et la filière, c'est de viser le Rendement Maximum Durable (RMD). Cela passe par l'introduction de quotas de pêche nationaux, et de plans de gestion qui associent les professionnels". Une position qu'elle continuera à défendre assure t-elle.
Ces mesures seront négociées à la mi-décembre, à Bruxelles, par les ministres européens de la Pêche, qui fixeront à ce moment les limites de captures pour 2016.
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