Les acteurs de l’enseignement immersif des langues régionales et les élus réagissent suite aux conclusions des députés Kerlogot et Euzet, remises hier soir au Premier ministre. Des réactions mitigées, à commencer par celle de Paul Molac, dont la loi a été censurée par le Conseil Constitutionnel.
Paul Molac milite pour une révision immédiate de la Constitution, ce que ne préconise par le rapport des députés Kerlogot et Euzet, remis hier soir au Premier ministre, après la censure partielle par la Conseil Constitutionnel de la Loi Molac sur les langues régionales.
Le député breton, à l’initiative de la loi du 8 avril 2021 relative à la promotion et à la protection des langues régionales, réagit donc vivement. « La révision constitutionnelle offre la plus haute sécurité juridique. C’est une question de volonté politique. Il faut la faire maintenant. »
Il ne comprend pas que les députés freinent sur cette question et considèrent que c'est impossible. "Le Sénat a pourtant bien été à l'initiative de l'article sur l'enseignement par immersion. Je m'inquiète que le rapport invite les réseaux d'enseignement à modifier leur pédagogie et leurs conventions : ils ne demandent qu'à pouvoir faire perdurer leurs méthodes qui fonctionnent et donnent des résultats, même si cela ne plaît pas au Ministre Blanquer. Ce dernier doit certainement être satisfait car les propositions de ce rapport vont dans son sens avec la création d'un "conseil national de l'enseignement des langues régionales", sous son autorité, afin que la haute administration aient les coudées franches sur cette question. »
Diwan demande des éclaircissements...
Yann Uguen, le président du réseau Diwan juge « intéressantes la compilation des informations des différents réseaux immersifs et bilingues ainsi que celle de la jurisprudence les concernant ». Cependant, il constate que « les marges de manœuvre sont minces. Nous voyons bien que plusieurs propositions de sécurisation juridique sont assez fragiles et interrogent par rapport aux engagements pris. Nous demanderons des éclaircissements. Si ces mesures s’avèrent insuffisantes, nous demanderons la révision constitutionnelle. Nous allons nous concerter rapidement avec Eskolim, le réseau des écoles immersives en langue régionale. »
Sans doute, les éclaircissements souhaités par Diwan concerneront les attentes de l’Education nationale, mentionnées dans le rapport, quant au « caractère nécessairement facultatif et donc volontaire de l’immersion », « le nécessaire enseignement du et en français sur les trois cycles d’enseignement primaire envisagés comme une globalité » alors que à Diwan on ne commence à étudier le français qu’en milieu de CE1, et enfin « la langue de communication des établissements ».
Quant à « l’objectif final de maîtrise des deux langues, la langue française comme la langue régionale, il est atteint » affirme le président de Diwan, qui se dit « heureux d’être jugés sur nos résultats ».
... Et souhaite que des situations de blocage soient réétudiées rapidement pour les écoles du réseau
En outre, il rappelle les nombreux conflits actuels avec l’Education nationale, malgré la bonne volonté affichée. Par exemple, à l’école Diwan de Saint-Herblain qui n’est toujours pas contractualisée, malgré plusieurs demandes au recteur, plusieurs manifestations et courriers d’élus et surtout cinq ans d'existence. Le réseau Diwan a adressé un recours au préfet de Loire-Atlantique le 5 juillet afin d’avoir une réponse dans les deux mois.
Il évoque également les effectifs des collèges Diwan du Relecq-Kerhuon (29) et de Plésidy (22) qui augmentent énormément, sans aucune perspective d'ouverture de classes. Enfin, le président de Diwan regrette que quelques mairies refusent toujours d’octroyer un forfait scolaire aux écoles Diwan, prévu par la loi Molac, en raison de la décision du Conseil constitutionnel. Le sous-préfet de Guingamp semble montrer des réticences à jouer son rôle de médiateur pour que les écoles Diwan obtiennent ce forfait et il n'y a pas de retour des autres préfectures.
►Retrouvez l'interview de Yannick Kerlogot par Eric Pinault : Langues régionales : que dit le rapport ?