Comment parler de la barbarie aux enfants. La question se pose quand on est enseignant, quand on est parent aussi, confronté aux question des plus petits. La ministre de l'Education nationale a préconisé un temps d'échange avant la minute de silence. De nombreux sites développent ces questions.
"Les élèves vont avoir besoin de parler" lundi à la reprise des cours après les attentats survenus en région parisienne vendredi, a estimé ce matin sur l'antenne de France Inter Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Education nationale, qui a demandé aux enseignants d'organiser un temps d'échange avant la minute de silence prévue à midi.Un temps d'échange nécessaire
Elle a indiqué dans une lettre aux enseignants que la minute de silence "doit être précédée d'un temps d'échange, parce qu'il ne faut pas l'aborder de manière sèche". Les attentats de vendredi "sont d'une ampleur encore plus massive, encore plus aveugle que ceux de janvier", a-t-elle souligné. "Je pense que c'est surtout l'effroi et la peur qui vont s'exprimer chez les élèves", c'est pourquoi "il faut échanger, recueillir leur parole, les aider à verbaliser leurs émotions avant de procéder à la minute de silence".Elle a encore écrit aux enseignants que "ce moment de recueillement doit être adapté à l'âge des enfants". "Des enfants de quatre ans, ce n'est peut-être pas en se taisant complètement raides pendant une minute qu'on leur fait le mieux comprendre la gravité de ce qui s'est passé, peut-être que c'est en dessinant en silence ou d'autre formes, que je laisse le soin" aux équipes de choisir.
Un hashtag #educattentats
Parce que ça n'est pas facile de parler de cette barbarie, d'aborder simplement la question du terrorisme avec des élèves, des enfants et pas toujours simple non plus de répondre aux questions des touy-petits, un hashtag #educattentats a été mis en place pour réunir tous les messages, les réactions, les questions sur ce thème et que l'ont peut retrouver sur un tagboard.De nombreux messages de soutien :
C'est parti pour une journée à l'école devant mes élèves...Courage à mes collègues qui doivent écouter et trouver les mots #educattentats
— c.beatty (@atwoodforever) 16 Novembre 2015
Et puis beaucoup de conseils entre enseignants
#TwittMooc Twitter m'a aidé à récolter des docs pour m'aider à aborder les attentats avec mes élèves tout à l'heure. #educattentats
— Karine Nelaton (@Kanel39Karine) 16 Novembre 2015
Ce lundi, la mission d'enseigner prend un sens essentiel : écouter, rassurer, contextualiser, affirmer nos valeurs humanistes #educattentats
— Maximilien Schnel (@MaxSchnel) 15 Novembre 2015
Mes collègues et moi nous partageons la tâche ce matin. Voici un point sur le contexte géopolitique #educattentats
https://t.co/2vPOHsgMyf
— Julia Dumont (@DumontCRD) 16 Novembre 2015
Des questions abordées sur de nombreux sites de la presse enfantine et éducative
Playbac (Le Petit Quotidien) rappelle en particulier d'être vigilant avec les images diffusées sur les écrans de télévision : "Ces images vues en boucle peuvent impressionner et choquer des enfants. Et les commentaires, dans un langage d'adultes, sont souvent incompréhensibles pour les enfants. Mieux vaut expliquer avec des mots plutôt que des images ce qui s'est passé aux enfants. Ça va moins vite que des images animées et c'est plus adapté à un jeune public. Et s'ils ont vu malgré tout des images, il ne faut pas les laisser seuls avec leurs pensées, il faut les faire parler de ce qu'ils ont ressenti, les pousser à exprimer leurs incompréhensions et à poser toutes les questions, pour bien tout expliquer." L'organe de presse pour les enfants recense également les questions que les enfants sont amenés à poser dans ces circonstances ainsi que les pistes de réponses à leur apporter en fonction de leurs âges.
Bayard Presse de son côté publie à nouveau l'interview de la pédo-psychiatre Catherine Jousselme qui, au moment des attentats de janvier 2015, expliquait comment les enfants réagissent à des événements violents de ce type et comment nous pouvons leur en parler. C'est à dire éviter que les plus petits soient confrontés aux images et préférer la parole avec eux. Et puis pour les plus grands, le médecin nous conseille "d'apporter des réponses factuelles". "Les échanges doivent aussi leur permettre de comprendre que les adultes et l’État, veillent à ce que cela ne se reproduise pas, que les coupables sont recherchés et que la fraternité et la solidarité sont les seules réponses possibles".
Un éditeur qui avec Astrapi a sorti tout de suite un document destiné aux enfants pour parler de ces attentats :
Astrapi : les attentats de Paris
Parler, expliquer, rassurer, sans dramatiser
Et puis sur le site francetvéducation, on peut retrouver un article assez complet publié après les attentats de Charlie hebdo et de la porte de Vincennes sur Comment parler d'une actualité violente à un enfant ? Un article de la sociologue rennaise Ghylaine Benech, qui rappelle en particulier qu'il est nécessaire que les enfants puissent parler des images qui les ont choqués. « Si l’enfant voit l’événement en présence du parent, ce dernier se doit de trouver quelques minutes pour débriefer et vérifier ce que l’enfant en a compris". Il faut veiller à ce que l'enfant exprime ce qu'il ressent face aux images.
Ensuite, il faut rassurer les enfants sans dramatiser « En indiquant que l’on n’a pas le droit de tuer, surtout lorsqu’un pays n’est pas en guerre. Rappeler que les victimes étaient toutes innocentes. Il est bon de rajouter aussi qu’on ne peut jamais prévoir ce type d’accident, et que l’on peut juste espérer que les policiers et gendarmes les empêcheront d’en commettre d’autres".
Et puis les parents peuvent encourager les enfants et les jeunes à rester critique, en ayant eux aussi une attitude critique et réfléchie vis-à-vis de l'information. "Développer l'esprit critique des enfants, c’est leur donner des clés pour ne pas rester passif".
Comment parler d'une actualité violente à un enfant ?
C'est encore ce que rappelle Sylvie Tordjman, professeur en pédo-psychiatrie sur notre antenne ce midi : Il faut être à l'écoute des ados, les inciter à mettre des mots sur leur ressenti, pour qu'ils ne se sentent pas seuls. Il faut établir un dialogue sur ces questions. Ces attentats, provoquent une peur diffuse et donc un isolement et un sentiment de solitude, il faut donc mettre du dicible et du représentable sur ces événements, explique t-elle.