Les opposants au projet d'éoliennes de Moréac (Morbihan), près de Locminé, ont demandé ce lundi 7 mars 2022 à la cour administrative d'appel de Nantes d'annuler les arrêtés préfectoraux qui avaient autorisé en 2020 et 2021 l'entreprise allemande Enercon à exploiter deux "méga-éoliennes" sur le territoire de la commune.
Les opposants au projet d'éoliennes de Moréac (Morbihan), près de Locminé, ont demandé ce lundi 7 mars 2022 à la cour administrative d'appel de Nantes d'annuler les arrêtés préfectoraux qui avaient autorisé en 2020 et 2021 l'entreprise allemande Enercon à exploiter deux "méga-éoliennes" sur le territoire de la commune.
La Société pour la Protection des Paysages et de l'Esthétique de la France (SPPEF), l'association Vent de Panique 56, la mairie de Moréac elle-même et sept riverains sont à l'origine de ce recours. Parmi ces habitants de Moréac et Evellys, on trouve le président de Vent de Panique 56 Noël Le Breton, le candidat (Front de Gauche) aux élections départementales 2011 Christian Allio, Jérôme Dréan, Marie-Laure Ody, Olivier Le Bot, Patrice Drapeau et Jean-Yves Le Strat.
Jérôme Dréan, un habitant de Naizin, s'était ainsi dit opposé à ces "méga-éoliennes" dans un courrier adressé en janvier 2020 au commissaire-enquêteur. Ce dernier avait d'ailleurs rendu un avis défavorable au projet de l'entreprise allemande.
"On modifie notre cadre de vie, sans mot dire... Ma fille a déjà le sommet très léger, donc je n'ose imaginer après", s'inquiétait le riverain. "De plus, ayant pour raison personnelle projet de vendre dans les prochaines années, je n'accepterai pas une dévaluation de mon bien. Je (...) m'appuierai sur l'expérience judiciaire des riverains d'autres parcs éoliens."
Déjà 64 éoliennes dans un rayon de 17 km
Lundi, lors de l'audience, le rapporteur public n'a pourtant rien trouvé aux "garanties financières" apportées par la Société d'exploitation du Parc éolien de Kervellin, la filiale d'Enercon appelée à exploiter ces deux éoliennes de 180 mètres de haut.
Le magistrat, dont les avis sont souvent suivis par les juges, a aussi proposé de rejeter les arguments des requérants sur les "insuffisances substantielles" du volet acoustique de l'étude d'impact. "Certains habitants ont refusé d'accueillir les instruments de mesure", a relevé le rapporteur public. "En tout état de cause, les requérants n'établissent pas que le bruit ambiant aurait été surévalué [pour atténuer celui des éoliennes, ndlr]", a-t-il considéré.
Il n'y aura pas d'atteinte "significative" à l'environnement local dans la mesure où celui-ci ne figure pas parmi les "paysages emblématiques" du Morbihan. "Aucun périmètre de protection" liée aux Monuments historiques n'a par ailleurs été instauré autour des édifices du secteur, qui était par ailleurs considéré comme "favorable" ou "très favorable" au développement des éoliennes dans le Schéma régional éolien (SRE) de Bretagne avant que celui-ci ne soit annulé par la justice administrative.
S'il a convenu que les deux éoliennes de Moréac seront "visibles depuis de nombreux points de vue", le rapporteur public "n'en déduit pas pour autant" qu'elles vont générer une "pollution visuelle". Il n'y aura pas non plus de "saturation visuelle", d'après lui, en dépit de la présence de "43 éoliennes dans un rayon de 10 km et 64 dans un rayon de 17 km".
"Pas d'effet d'écrasement" pour le rapporteur public
"Les covisibilités seront essentiellement lointaines, et il n'y aura pas d'effet d'écrasement : les hameaux, peu habités, n'auront que des vues partielles du fait de la végétation", veut croire le rapporteur public.
Le magistrat ne pense pas non plus que le projet comporte de réels "risques" de chute de pales pour les usagers de la route départementale 117 et des chemins ruraux du secteur, en dépit des "vents violents" du secteur selon les requérants. "Il y a toujours un risque, mais les premières maisons sont à plus de 500 mètres et la zone est assez peu fréquentée", a-t-il dit avant de conclure au rejet de la requête des deux associations, de la commune de Moréac et des sept riverains.
Mais la "saturation" du secteur en éoliennes est pourtant bien "réelle", selon l'avocat des requérants. Or, les deux éoliennes d'Enercon vont venir "combler une perspective [visuelle] sans éoliennes", a-t-il déploré. "Soixante-quatre éoliennes dans un rayon de 17 kilomètres, c'est quand même très important", a-t-il dit aux juges administratifs nantais.
"C'est un projet de seulement deux éoliennes, qui s'implante parfaitement dans le paysage", a relativisé l'avocate d'Enercon. La cour administrative d'appel de Nantes, qui a mis sa décision en délibéré, rendra son arrêt sous trois semaines.