La moitié de la pêche française est issue de populations de poissons pêchés durablement. Un chiffre qui stagne depuis 2017 et est encore loin de l'objectif de 100% fixé pour 2020 au niveau européen, selon l'Ifremer.
En 2021, la part des débarquements issus de populations de poissons exploitées durablement en France métropolitaine stagne et s'établit à 51%, contre 48% en 2020, selon le dernier bilan de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer).
Dans le détail, 51% des débarquements sont issus de populations de poissons considérées comme en bon état ou reconstituables, 33% sont surpêchées et 2% effondrées, le reste (24%) étant non évalué ou non classifié.
"100 %, on en est loin"
La situation s'est nettement améliorée depuis 2000, année où seulement 20% des débarquements étaient issus de la pêche durable. Mais "depuis 2017, la part des débarquements provenant de populations non surpêchées a tendance à se stabiliser" constate Alain Biseau, biologiste des pêches à l'Ifremer, lors d'une conférence de presse en ligne.
L'objectif européen dans le cadre de la politique commune de la pêche est d'atteindre 100% de populations pêchées au "rendement maximum durable", c'est-à-dire la quantité optimale qui ne porte pas atteinte à la capacité de reproduction de la population de poissons.
"On en est encore assez loin. C'était l'objectif pour 2020. On n'y est pas" selon Alain Biseau, qui souligne que la stagnation constatée ces dernières années "contrarie l'idée qu'on peut atteindre cet objectif dans un avenir proche".
"C'est un défi pour nous scientifiques. Nos prévisions sont peut-être parfois trop optimistes" ajoute-t-il, précisant que les modèles n'intégraient peut-être pas suffisamment "toutes les incertitudes, notamment liées aux variations environnementales comme le changement climatique".
Cabillaud et merlu "toujours effondrés"
Pour être certain d'atteindre 100% de pêche durable dans un avenir proche, "peut-être qu'il faudrait envisager de réduire un tout petit peu le taux d'exploitation" suggère le biologiste.
Parmi les populations en bon état, figurent le merlu du Golfe de Gascogne et de mer du Nord, la coquille Saint-Jacques, la baudroie, le hareng, le rouget de Méditerranée ou la raie fleurie.
Le thon rouge est jugé en voie de reconstitution avec des niveaux de biomasse revenus au niveau des années 70. La sole du Golfe de Gascogne, auparavant surpêchée, est considérée comme reconstituable grâce aux "efforts de gestion".
La sardine du Golfe de Gascogne, auparavant effondrée, est désormais classée comme "surpêchée et dégradée", tandis que le cabillaud de la mer du Nord et le merlu de Méditerranée sont toujours estimés comme "effondrés".
L'Ifremer a également dressé pour la première fois le bilan annuel de l'état des poissons pêchés dans les départements d'Outre-mer, qui révèle un diagnostic très contrasté, avec surtout un manque de connaissances scientifiques sur une grande partie des populations de poissons.
Ainsi, en Guadeloupe, en Martinique ou à Mayotte, entre 62% et 79% des populations de poissons ne sont pas évaluées. A la Réunion, 51% des populations sont en bon état et 40% surpêchées et dégradées. En Guyane, 40% des populations sont en bon état, 29% surpêchées et 6% surpêchées et dégradées.
"Pour la plupart des espèces côtières, il faut renforcer leur suivi pour permettre une gestion durable" précise encore Alain Biseau.
(Avec AFP)