Absent pour raison de santé, l'homme d'affaires canadien a été condamné jeudi par le tribunal correctionnel de Quimper à trois ans de prison et 375.000 euros d'amende. Il était poursuivi pour faits de banqueroute et abus de biens sociaux après la liquidation en 2012 de sa société à Douarnenez.
Souffrant, l'homme d'affaire canadien de 72 ans n'aura pas entendu ce jeudi sa condamnation à trois ans de prison et 375 000 euros d'amende, pour faits de banqueroute, abus de biens sociaux et entrave au fonctionnement du comité d'entreprise. Une peine prononcée par le tribunal correctionnel de Quimper, assortie "d'une interdiction définitive d'exercer une activité commerciale ou industrielle, de diriger, administrer, gérer ou contrôler une entreprise ou une société".
Pas de mandat de dépot
Louis Lagassé, à la tête du groupe canadien GPV spécialisé dans les télécommunications sécurisées, "a été opéré le 22 décembre", a justifié son avocat Kossi Amavi devant le tribunal, précisant que, depuis, le prévenu se déplaçait en fauteuil roulant. Pas de mandat de dépot, donc pas de placement immédiat en détention.
L'homme d'affaires était à la tête de la société Lagassé Communication et Industries (LCI), basée à Douarnenez (Finistère) et spécialisée dans la fabrication d'équipements de communications, depuis son rachat à une filiale du groupe EADS en 2005. La société employait 220 personnes.
Mais l'entreprise avait été liquidée en décembre 2012. La majeure partie des salariés avait été reprise par la société Eolane, mais 39 avaient été licenciés pour motif économique. "Louis Lagassé, par ses agissements, commis sur une longue période, a appauvri une personne morale, au point de la rendre si exsangue que le tribunal de commerce n'a pu que décider de sa liquidation judiciaire", indique le tribunal dans son jugement.
Satisfaction des parties civiles
"Cette décision tant attendue est très satisfaisante", a réagi au terme du délibéré l'avocate des 21 anciens salariés licenciés qui se sont portés parties civiles, Dominique Le Guillou Rodrigues. "C'est satisfaisant tant au pénal qu'au civil puisque Monsieur Lagassé a également été condamné, toutes sommes cumulées, à verser quelque 180.000 euros de dommages et intérêts aux salariés qui ont injustement perdu leur emploi".
Des salariés qui voient dans cette condamnation la confirmation par la justice de l'illégalité des pratiques de détournement de fonds qu'ils avaient dénoncé dès la vente de leur entreprise au groupe Lagassé par EADS. "Le comité central d'entreprise de l'époque et le comité d'établissement de Douarnenez avaient voté contre ce transfert, et on voit bien aujourd'hui qu'on avait raison" déclare Marc Le Meilh, ancien délégué du personnel.
►"Il y a quand même une justice, c'est pas parce qu'on a un col blanc et une cravate qu'on ne doit pas être puni, c'est la morale de cette histoire" (Joël Le Bosser ancien salarié)
Choc des cultures économiques
"Monsieur Lagassé est fondé à clamer son innocence", a pour sa part assuré Me Amavi, l'avocat de Louis Lagassé. "Il a fait ce que tout homme qui gère une société doit faire", a-t-il indiqué, estimant "qu'il n'aurait pas été jugé de la même manière ni au au Canada ni ailleurs, dans une économie globalisée. Ce ne sont que des contradictions qui se sont greffées dans la gestion, alors qu'il n'y a rien d'illégal", a-t-il conclu.
L'homme d'affaires a dix jours pour éventuellement interjeter appel de la décision rendue.