Depuis leur réouverture, les clubs de plongée doivent appliquer des règles drastiques de désinfection du matériel et de distanciation sociale. Un protocole contraignant au quotidien, avec un impact financier important pour les structures professionnelles.
"Les gars, là sur le bateau, je veux un bras entre chaque plongeur !" prévient Ludovic Granier, gérant et moniteur du centre Aber Wrac’h Plongée.
Un quotidien rendu complexe
Au centre de plongée de l'Aber Wrac'h, le ton est donné. On ne badine pas avec les mesures sanitaires en cours pour limiter la propagation du virus.
Pour les premières sorties de l’année, le bateau n’affiche pas complet. Et pour cause, le nombre de plongeurs y est limité à 10, conformément aux nouvelles normes, alors qu’il pourrait en accueillir 22.
Mais, le club est déjà habitué à une grande rigueur, en matière d’hygiène et de sécurité. Le respect des règles sanitaires, déjà renforcées en 2012, y est bien ancré.
En cette période de reprise, les nouvelles consignes y sont appliquées avec encore plus de soin et le matériel, décontaminé plutôt deux fois qu’une. "Avec 35 équipements complets, on a de la souplesse".
La question se posera quand les groupes pourront à nouveau y être accueillis. Ils n'y sont pas autorisés, pour l'instant, ce qui est très dommageable pour ce club du Finistère-Nord, habitué à former les stagiaires de l’UCPA.
Ce sont autant de recettes qui ne rentrent pas. Sur le premier semestre, il s’apprête à perdre 45 % de son chiffre d’affaires.
Une frustration partagée par Patrick Motreff, le directeur d’Arimair, à Plougastel-Daoulas, une école et un magasin de plongée.
"On espère que ces directives soient vite allégées ! Surtout avec ce beau temps. Nous perdons 40 000 euros par mois" déplore-t-il.
Il explique que ces nouvelles mesures sont chronophages et nécessitent beaucoup de personnel pour les mettre en pratique, alors que les rentrées d’argent sont moindres.
Et l’organisation plus lourde, à terre et sur les bateaux. Le public est compréhensif, mais moins nombreux, aussi !
Pour l’instant, les plongeurs sont des locaux. Et autonomes dans leur pratique. Les gestes barrières seraient plus compliqués à appliquer pour des débutants. "Cela nous permet de nous roder, aussi. Mais, il ne faudrait pas que ça dure. On scrute les futures mesures annoncées en juin, à savoir la reprise possible des formations et un déplacement facilité dans l’Hexagone."
Les clubs associatifs leur ont emboîté le pas et reprennent plutôt tranquillement. Le manque à gagner y est moins crucial. Moins de charges fixes et pas de salaires à verser, mais les contraintes sanitaires sont tout aussi complexes.
"On s’adapte, comme on peut !"
Au GASM, le Groupe d’Activités Sous-Marines de Quimper, une structure associative, on envisage de continuer les départs depuis la plage, une bonne alternative à la restriction des effectifs sur les bateaux : "Ici, les sites s’y prêtent. Toutefois, ce type de départ est aussi limité à 10 plongeurs. Tout dépendra de la demande" affirme Caroline Oudart, la présidente du club quimpérois.
Une pratique déjà familière au club, comme ailleurs dans le Finistère.
Les activités reprendront mercredi 27 mai au club, avec de la nage pour une remise en forme. La plongée en bouteille, ce sera pour la semaine suivante.
Chaque structure s’adapte avec la marge de manœuvre dont elle dispose. Mais, avec toujours le même souci des règles sanitaires.
Un accompagnement pédagogique
Si les clubs naviguent en eaux troubles, actuellement, ils peuvent s’appuyer sur les recommandations médicales de la fédération française d’études et de sports sous-marins, la FFSSM et du Comité interrégional Bretagne-Pays de la Loire, le CIBPL, prodiguées sous forme de dossiers et de tutos.
Tout y est passé en revue : la décontamination du matériel en trois phases, notamment les embouts et les détendeurs, et le suivi médical des plongeurs, atteints du virus ou non, mais exposés dans l’ensemble à une longue période de sédentarité.
Le docteur Anne Henckes, présidente de la Commission médicale de la FFSSM et médecin chef au caisson hyperbare de l’hôpital de Brest, insiste pour une reprise de l’activité progressive : "La sédentarité prolongée et une certaine anxiété, générées par le confinement, peuvent engendrer des risques cardio-vasculaires accrus. Il faut savoir s’écouter et repartir avec une bonne condition physique." Elle invite à une activité en binôme, notamment pour l’apnée et la chasse sous-marine, pratiquées généralement de manière individuelle.
Recommandations post-covid de la FFSSM - pratique de la plongée
Espérons que la saison s’annonce aussi propice, que les conditions météorologiques de ce printemps radieux.