Alors que l'épidémie de Covid-19 regagne du terrain, la distribution de masques gratuits pour les personnes les plus démunies se poursuit en Bretagne. C'est la Poste qui se charge de les déposer dans les boîtes aux lettres. Nous avons suivi la tournée d'une factrice au Rheu, en Ille-et-Vilaine.
La journée de Nathalie L'Espagnol commence, comme d'habitude, par le tri du courrier au bureau de Poste de Pacé. Mais depuis quatre jours, d'épaisses enveloppes blanches se sont glissées parmi les plis et les colis. Chacune contient six masques grand public, lavables et réutilisables 20 fois. Les enveloppes sont traitées manuellement : on ne les fait pas passer dans les machines, afin de ne pas les abîmer. Le tri prend donc un peu plus de temps que d'habitude. Aujourd'hui, Nathalie en a une trentaine à délivrer: plus qu'un travail, elle considère ça comme une mission.
Une mission de service public
"C'est la continuité de la période de confinement où les gens avaient besoin de nous pour recevoir leurs colis. Maintenant les gens ont besoin de masques pour se déplacer, et on est là pour leur distribuer. On leur apporte quelque chose de lavable et de durable," lance-t-elle fièrement.Les enveloppes sont déposées dans les boîtes aux lettres, lorsque celles-ci le permettent, ou remises en mains propres, si besoin. En dernier recours, la factrice laisse un avis de passage pour inviter la personne à venir retirer son enveloppe au bureau de poste. "On précise bien qu'il s'agit de masques gratuits, pour que les gens ne s'inquiètent pas en voyant l'avis" souligne Nathalie. La liste des destinataires a été établie par les Caisses Primaires d'Assurance Maladie : il s'agit de personnes ayant de faibles ressources financières, bénéficiaires notamment de la Complémentaire Santé Solidaire. 260 000 Bretons figurent sur ces listes, ce qui représente 1 560 000 masques à distribuer.
C'est une sacrée organisation! Heureusement que ça tombe au mois d'août, on a une baisse d'activité courrier, c'est ce qui nous permet d'assurer cette distribution sereinement
Une gratuité appréciée
Lorsque Nathalie lui remet son enveloppe, Jean-Pierre Marquette ne cache pas sa satisfaction. Pour lui qui souffre d'une affection de longue durée nécessitant un apport d'oxygène, ces masques tombent à pic: "au moins ça me permet de sortir, parce que sans masque, je ne sors pas, je reste enfermé chez moi. J'ai une prescription pour des masques chirurgicaux, mais ça ne tient pas au niveau des oreilles, ça casse facilement." Il apprécie la gratuité: "à la fin du mois, une fois que j'ai payé la nourriture et les factures, il me reste que dalle, ces masques, je ne pourrais pas me les payer."Torany, qui jusqu'à présent achetait des masques chirurgicaux, confirme: "1 euro le masque, c'est beaucoup trop cher! Ces masques gratuits, c'est vraiment très bien pour nous!"
"Vous en avez six, lavables 20 fois" indique Nathalie à Vathsala Kumar, qui examine les masques blancs qu'on vient de lui remettre en experte: "ils sont bien, ils sont doublés, et larges, et j'ai l'impression qu'ils ne vont pas bouger quand on va les laver," détaille-t-elle tout en tirant sur les élastiques pour éprouver leur solidité.
Cette distribution de masques gratuits a débuté la semaine dernière dans le Finistère et se poursuit jusqu'au 20 août dans les trois autres départements bretons. Le Ministre de la Santé, Olivier Véran, l'avait annoncée fin juillet: "il ne doit pas y avoir le moindre obstacle financier pour que les Français puissent se protéger."
Par ailleurs, 50 millions de masques jetables sont également en cours de livraison dans les préfectures pour équiper les plus précaires.