La 17ème édition du festival photo de la Gacilly (56) met à l'honneur l'Amérique latine avec un nouveau plaidoyer en faveur de l'environnement et des populations menacées. Invités : des photographes engagés qui montrent leur pays dans leur beauté mais aussi les bouleversements qui les menacent.
Avec son leitmotiv en faveur de la biodiversité, le festival de la Gacilly a choisi cette année de proposer au public une réflexion par l'image, sur l'avenir menacé des pays d'Amérique Latine. Poumon de la planète, les forêts amazoniennes ravagées par des méga-feux l'an passé ont ému les organisateurs. Provoqués par l'action humaine et amplifiés par le déréglement climatique, ils illustrent la fragilité de la nature.
A cela s'ajoute une crise politique, économique et sociale qui met à mal la population.
Les photographes invités, qu'ils viennent du Brésil, d'Equateur, du Chili, du Mexique ou d'Argentine témoignent d'un environnement et de populations mises à mal mais aussi de la fougue d'une société décidée à défendre ses coutumes et son avenir.
C'est le cas de la portraitiste brésilienne Luisa Dörr. Elle est allée à la rencontre des "Flying Cholitas", ces femmes boliviennes qui s'emparent des codes du monde masculin pour promouvoir l'émancipation des femmes dans leur communauté.
Autre communauté ancrée elle, dans les traditions : celle des femmes de Valence qui préparent leurs robes toute l'année pour déambuler dans les rues lors des Fallas, fête lors desquelles sont dévoilées des sculptures géantes en papier mâché.
Cyril Drouhet, commissaire des expositions, déambule dans le labyrinthe végétal et les parcelles naturelles de la petite commune morbihanaise qui servent d'écrin à l'exposition de ces clichés tirés sur formats géants. L'une de ses fiertés : avoir déjà pu inviter le brésilien Sebastião Salgado . Il revient avec GOLD, un opus sur le travail de l'homme et ce volet consacré aux chercheurs d'or dans la mine de Serra Pelada.
Carolina Arantes, elle, parle avec le coeur de son pays : le Brésil. Elle s'est rendue au côté des indiens d'Altamira, après les derniers incendies qui ont à nouveau décimé les forêts amazoniennes.
En 1986, Salgado a passé 35 jours au côté des mineurs : une vraie fourmilière avec des dizaines de milliers d'hommes dans la boue, les pieds dans le mercure. C'est un travail dantesque. Sur les photos, on a l'impression d'être plongé dans une époque biblique, où l'homme vit dans des conditions misérables pour fouiller la terre !
Convoité pour y installer un barrage hydroélectrique, une mine d'or et par les fermiers avides de nouveaux territoires pour faire pâturer leur bétail, leur territoire est victime d'une déforestation massive. Une spoliation encouragée par le gouvernement Bolsonaro qui met en danger toute une civilisation.
Ces populations indigènes vivent de la terre. La forêt, c'est leur maison donc la perte de la forêt, c'est celle de leur espèce en tant que société et la disparition de leur raison de vivre !
Pour la première fois exposés en Europe, les travaux d'Emmanuel Honorato Vasquez offrent un regard souriant sur l'Equateur des années 20. Ce touche à tout issu d'une famille aisée, bohème et épicurien mort prématurement, a marqué sans le savoir l'histoire de son pays. Grâce à un long travail d'archives, son oeuvre a été exhumée.
Emmanuel Honorato Vasquez vivait dans la haute sphère équatorienne. Il nous montre à travers ses portraits joyeux d'une grande créativité, un pays qui s'ouvre à la modernité avec l’œil qu'il a porté sur toutes les strates de la société : bourgeois, paysans, militaires...
Entre révolutions et espoirs, traditions et civilisations menacées, paysages sublimes et fragilisés, les pays d'Amérique latine ont aussi leurs ambassadeurs via la photograhie. Le festival de la Gacilly leur offre une tribune à ciel ouvert.
Festival photo de la Gacilly dans le Morbihan : Gratuit, tout l'été, tous les jours et en plein air, jusqu'au 31 octobre 2020.