Après trois mois de calme dû au confinement, le Fond régional d’art contemporain de Bretagne (Frac) a rouvert ses portes ce 13 juin. Une exposition d'environ 500 photos du célèbre Martin Parr est proposée au public, qui s'est déplacé en nombre.
C'est la première depuis quinze ans. Ces 13 et 14 juin, le Frac ouvre une rétrospective des 40 années de carrière du photographe britannique Martin Parr. Ce premier week-end d'ouverture contraste avec le silence qu'à connu l'édifice depuis la mi-mars, confiné comme tout le monde.
Intitulée Parrathon, cette exposition propose 14 séries photographiques de la carrière de Martin Parr, pour un total approchant les 500 photos. De ses débuts, en 1975, jusqu'à ses dernières prises en 2019.
Quelques unes de ses photos les plus marquantes sont également affichées sur les murs de l'Orangeraie du Parc du Thabor.
La classe sociale pour inspiration
Martin Parr a capturé dans son objectif des scènes de vie de la société anglaise d'abord, puis à travers le monde entier. "La question des classes sociales et de la hiérarchie est primordiale chez Martin Parr", explique Étienne Bernard, le directeur du Frac.
En effet, chaque série photographique proposée aux yeux des visiteurs dévoile le quotidien d'une catégorie précise de la population.
Entre 1983 et 1985, il dresse le portrait de ses compatriotes aux revenus modestes dans une station balnéaire près de Liverpool. En sortira Last Resort : "ce sont les images de cette génération ouvrière qui essaie de profiter de quelques vacances malgré la main de fer de Margaret Thatcher" détaille Étienne Bernard.
Quelques années plus tard, il change totalement de cadre en publiant Establishment. Il partage ici les habitudes étriquées de la haute société anglaise, éprise de traditionnalisme en lien avec l'attachement à la royauté.
Un homme comme les autres
Chacun peut s'identifier dans le travail de Martin Parr. Pour le directeur du Frac, "le spectateur peut se retrouver dans telle ou telle catégorie de population qu'il va photographier, mais il peut aussi facilement rentrer dans une sorte de discussion avec le photographe, en l'accompagnant dans la façon dont il observe la société dans laquelle on est."
Dans sa série Self-Portraits se retrouve le deuxième fil rouge du travail de Martin Parr : le thème des vacances, des loisirs populaires. Comme tout touriste qui se respecte, le photographe ramenait de ses voyages un petit autoportrait. Qu'il soit pris par "un photographe professionnel, un amateur local ou encore un Photomaton" nous apprend le Frac.
Le "Monty Python" de la photo
Comme tout bon Britannique, Martin Parr apporte sa touche d'humour où s'allient noirceur et absurde. "Les Monty Python font aussi de la photo, ironise Étienne Bernard. Ce photographe se revendique fièrement anglais, mais n'hésite pas à capturer des éléments acerbes sur ses photos et les tourne en dérision." Un travail remarqué particulièrement dans les séries Think of England ou Bored Couples.
Ce comique burlesque se remarque aussi dans ses autoportraits. Ici on va le retrouver en cosmonaute avec Vladimir Poutine, là en uniforme militaire et en noir et blanc.
Même s'il a parcouru une bonne partie du globe, Martin Parr apprécie surtout de s'attarder sur son Angleterre natale. L'évolution sociétale britannique est captée dans son travail. Dès ses débuts argentiques en noir et blanc avec Bad Weather, puis progressant dans le temps dans les séries The Cost of Living ou encore une fois The Last Resort.
Un redémarrage encourageant pour le Frac
Une telle exposition, colorée et agréable, est de bonne augure pour la réouverture du Frac. "Nous avons la queue qui dépasse sur le trottoir, j'ai rarement vu ça !" sourit son directeur. En effet, les Rennais se sont présentés en nombre dans l'établissement, environ un millier en deux jours.
Le signe que la vie reprend petit à petit. Comme l'a annoncé Emmanuel Macron dans son discours ce dimanche 14 juin : "nous allons pouvoir retrouver le plaisir d'être ensemble, [...] de nous divertir, de nous cultiver."
L'exposition Parrathon est au programme du Frac jusqu'au 24 janvier 2021, ouvert du mardi au dimanche de 12h à 19h, et gratuit tous les premiers dimanche du mois.