Arbres fruitiers. Pourquoi aller chercher loin ce que la nature peut nous offrir partout ?

C’est un peu comme si on redécouvrait leurs pouvoirs magiques. Les arbres fruitiers peuvent à la fois nous nourrir, embellir nos jardins et nos villes, nous faire de l'ombre, capter notre CO2. Dans le Morbihan, associations et élus défendent et rendent hommage aux pommiers, poiriers, et autres pruniers, cerisiers...

Cric… Croc… Au pied de l’arbre, Clovis et Eliott se régalent. Pendant leur promenade, les deux enfants et leur maman se sont arrêtés au pied d’un pommier de la commune. Une main pour croquer, une autre pour ramasser. Leur sac se remplit très vite. En tarte, en crumble, en compote ou encore au four. Ils adorent les pommes et se délectent de cette aubaine, des fruits gratuits que tout le monde peut récolter. "Elles sont bien meilleures que celles du magasin."

Des arbres pour s’enraciner

Depuis 1998, la mairie de Guidel plante un arbre pour la naissance de chaque enfant de la ville. "Cela témoigne de notre volonté de voir les enfants et leurs parents s’enraciner sur la commune, explique Jo Daniel, le maire, et c’est aussi une manière de les inciter à se préoccuper de la nature." En quelques années,  2 500 arbres ont ainsi été plantés. Guidel est devenu le plus grand verger communal de France.  

Autrefois, raconte l’élu, "Guidel était le verger du pays de Lorient et de Quimperlé. Nous fournissions en pommes et en cidre tous leurs habitants. Aujourd’hui, les familles peuvent accéder gratuitement au verger et à leurs pommes, c’est un cadeau que nous faisons aux habitants."

Des quartiers à croquer

À Lanester, au pied des immeubles, on plante aussi des cerisiers, des pommiers, des pruniers, des poiriers. Marianne Loubière, responsable animation de l’association Optim’ism est justement en train de creuser un trou pour installer un pied de kiwi. "Nous cherchons à créer des zones nourricières pour permettre à chacun de bien se nourrir et de mieux comprendre la nature. Quand on a cueilli des cerises en juin, on se rappelle à quel moment elles sont mûres, c’est important de redonner de la place à la saisonnalité."

Toutes les plantations sont faites avec les habitants, qui aident aussi à tailler, entretenir. 
Des bancs et des tables ont été installés. Un jour, les familles pourront s’y installer pour jouer, pique-niquer ou lire à l’ombre des arbres qu’elles ont planté. "Le meilleur moment pour planter un arbre était il y a 20 ans. Le deuxième meilleur moment, c'est maintenant", dit un proverbe chinois. Façon de dire que mettre un arbre en terre, c’est faire confiance à l’avenir. 

"Mangez des pommes !"

Chez Véronica, les pommiers ont déjà quelques années et cette année, ils donnent ! Beaucoup, beaucoup trop ! Elle a cuisiné des gâteaux et des tartes mais elle ne pourra jamais tout manger. 
Ce sont donc les bénévoles de l’association Aux arbres citoyens qui s’occupent de cueillir les fruits.

"C’est un geste solidaire et antigaspillage, détaille Alice Lorentz, membre de l’association. Nous sommes partis d’un double constat, il y a des gens qui ont des arbres fruitiers dans leurs jardins dont ils ne font pas usage et il y a des personnes qui manquent de fruits et de légumes dans leur alimentation de tous les jours." 

L’association a été créée à La Rochelle. En Bretagne, elle compte déjà 72 membres et a réalisé une douzaine de cueillettes dans les jardins de particuliers.

Ce jour-là, Aux arbres citoyens livre une dizaine de cagettes, une centaine de kilos de pommes à la Banque Alimentaire. C’est super se réjouit Bernard Mahé, un des bénévoles. Nos bénéficiaires sont chaque jour plus nombreux (6 000 par mois) et ils ont besoin d’un bon équilibre alimentaire. Cette année, il espère pouvoir leur distribuer une tonne de fruits. 

Les arbres fruitiers seraient donc une chance pour reverdir nos villes, nous offrir des îlots de fraîcheur alors que la planète se réchauffe, nous permettre de nous rencontrer, de nous nourrir. L’écrivain Marc Gendron en est persuadé, "l’univers est résumé dans un trognon de pomme !"