ENTRETIEN. En Bretagne, 23% des logements sont classés F ou G contre 17% en France. Faute de moyens, certains propriétaires ne peuvent pas rénover leur bien. "Les Compagnons Bâtisseurs" les accompagnent pour les sortir de la précarité énergétique. La directrice de l'association répond au magazine "Enquêtes de région".
Un chauffage vétuste, une mauvaise isolation thermique, un problème d'électricité... l'état d'un logement contribue à la précarisation énergétique, au même titre que la hausse du prix de l'énergie. Face à des travaux trop chers et à la difficulté d'être accompagnés, certains propriétaires se trouvent totalement démunis. L'association " Les Compagnons Bâtisseurs " propose de les aider. Laurence Duffaud, directrice de l'antenne bretonne, répond aux questions du magazine "Enquêtes de région" consacré à la crise du logement en Bretagne et diffusé ce mercredi 2 octobre 2024 à 22h45 sur France 3 Bretagne ou dès maintenant sur francetv.fr.
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- France 3 Bretagne : 23% des logements en Bretagne sont classés F ou G. La moyenne nationale est de 17%. Est-ce qu’il y a une fracture territoriale sur les performances énergétiques ?
Laurence Duffaud : "Oui, il y a une fracture territoriale. Le parc immobilier breton est composé de 70% de maisons individuelles. C'est beaucoup plus qu’en France. Et nous avons une autre singularité, il s'agit de 66% de propriétaires occupants. En zone rurale, la vulnérabilité énergétique est plus importante qu’en zone urbaine. Selon une étude de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) , 15% des ménages sont en vulnérabilité énergétique liée à leur logement. 30% en zone rurale. Cela veut dire que certains se privent de chauffage ou mettent peu de chauffage avec tous les problèmes de santé que cela peut engendrer!"
- D’ici 2034, en raison de la loi Climat et Résilience, 46% des biens bretons pourraient sortir du marché locatif, notamment à Rennes. C’est une bombe sociale à retardement qui est en train de se préparer ? C’est autant de personnes qui ne seront pas logées ?
"C’est effectivement une question qui se pose aux propriétaires : ont-ils la capacité de garder leur logement ou ne vaut-il mieux pas le vendre ? S’ils vendent à des promoteurs ou des acquéreurs qui ont la capacité de rénover le logement, le bien se retrouvera sur le marché."
- Depuis 4 ans, il existe un dispositif d’aide à la rénovation MaPrimRenov. Est-ce que l’on peut dire que c’est un succès ?
"Oui, c’est un succès, beaucoup de gens s’en sont saisi pour de la rénovation " par geste", c'est-à-dire un changement de fenêtres, de système de chauffage... Mais l’ambition de l'Etat étant d’accélérer des rénovations d’ampleur dans le cadre des enjeux du réchauffement climatique et de sobriété énergétique, le dispositif a été refondu au 1er janvier 2024. Il faut préciser que les logements contribuent à 10% des émissions de gaz à effet de serre. Ils représentent 30% de la consommation finale d’énergie en France."
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- MaPrimRenov est aujourd'hui plus intéressante pour une rénovation globale ?
"Elle est effectivement plus intéressante pour une rénovation globale puisque l’Etat a augmenté son plafond pour les travaux pris en charge. Il peut aller jusqu’à 70.000 euros hors taxe selon le gain de places. Mais il y a un reste à charge qui peut encore être très conséquent pour des gens qui n’ont pas d’économies, qui peinent à boucler leur budget à la fin du mois."
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- Ce dispositif a longtemps été perçu comme une usine à gaz. C’est toujours compliqué de monter un dossier, d’être conseillé ?
"L’État a mis en place le label France Rénov' sous lequel on peut retrouver les informations dédiées à la rénovation de son logement. Mais pour faire de la rénovation énergétique d’ampleur, vous avez aujourd'hui besoin d’un accompagnateur, c'est une obligation. Il n’y en a pas suffisamment par rapport aux demandes. C'est donc un parcours du combattant. S'ajoute enfin une autre difficulté liée à l'écosystème du bâtiment et la capacité des entreprises à répondre aux demandes de travaux."
Le magazine Enquêtes de région " Se loger en Bretagne : quelle galère !" est à découvrir ce mercredi 2 octobre 2024 sur France 3 Bretagne à 22h45 ou dès maintenant sur francetv.fr