La demande est forte et le marché de l'immobilier complètement saturé... Trouver une location est-il devenu impossible ? Illustration à Rennes où la ville attire avec son économie très dynamique. La population est en constante augmentation et le besoin en logement est important.
"On est sur de belles surfaces : la cuisine fait plus de 6 m² et le séjour 22 m². Au total, on est à 47 m²." C'est Astrid Ribéra, la responsable location de l'agence Kermarrec, qui s'occupe de faire la visite de cet appartement du nord de Rennes. Hélène, la visiteuse de la matinée, est sous le charme. "Ah oui ? Ça paraît plus grand !"
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"Voilà 2 ans que ponctuellement je cherche et que je ne trouve pas, déplore Hélène. Ce n'est pas évident de trouver un espace agréable sur Rennes avec un budget réduit. J'ai fait pas mal de visites." En vain, jusqu'à aujourd'hui, du moins elle l'espère : Cette fois, pour un loyer de 760€, le logement correspond globalement à ses attentes.
"Le secret c'est la réactivité."
"Il faut se décider vite, j'imagine ?" La question n'est pas anodine, sur la métropole rennaise, le nombre de biens est tellement limité, qu'un appartement reste rarement plus de deux jours sur le marché.
"Dès lors qu'on a un appartement disponible, on positionne 3 ou 4 visites dans la même journée et le soir même il est loué, explique Astrid Ribéra. Le secret c'est la réactivité. On va vous proposer un créneau de visite et il faut impérativement se rendre disponible pour ce créneau. Il faut préparer son rendez-vous, venir avec son dossier, savoir ce qu'on veut, être capable de dire quel bien nous intéresse et enfin se positionner rapidement."
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Pas facile pour les futurs locataires surtout quand les conditions de locations sont de plus en plus restrictives, avec de multiples garanties et cautions à fournir.
La vente d'appartements neufs à la baisse
Ce marché locatif tendu est très dépendant des ventes de biens. Or, les investisseurs sont moins nombreux : "La moitié des appartements neufs étaient vendus à des investisseurs, c'est désormais un peu moins d'un tiers, développe Hervé Kermarrec, le Président de Kermarrec Immobilier. Cela fait que le logement mis sur le marché à destination de la location est évidemment plus faible. La seconde raison, c'est le marché de l'ancien qui subit lui aussi le même ralentissement."
Une pénurie aggravée par la hausse des taux d'intérêt. Ceux-ci durcissent l'accès à la propriété pour beaucoup de locataires, les empêchant de libérer leur logement.
Les colocations d'étudiants prennent la place des familles
De son côte, Mathilde, conseillère en locations chez Century 21, n'a que très peu d'appartements à proposer sur Rennes, hormis des chambres, le plus souvent meublées. "C'est plus intéressant fiscalement pour les propriétaires, qui bénéficient d'un abattement fiscal, quand il loue en meublé. C'est aussi plus rentable, les logements peuvent être loués plus chers à la chambre plutôt qu'un logement nu pour un couple par exemple."
Un constat partagé par Hervé Kermarrec : "On a construit moins de studios sur ces dernières années. Donc on a mis moins de petits appartements sur le marché, ce qui a contraint les étudiants à partir en colocation et donc, là aussi, à saturer le marché des logements de types T3, qui étaient traditionnellement utilisés par les familles."
Une embellie à l'horizon ?
"On voit un marché en cette fin 2024 qui commence à s'éclaircir, tempère Hervé Kermarrec. C'est une bonne nouvelle." L'embellie s'amorcerait en effet pour la fin de l'année à Rennes, avec la production de logements neufs, des ventes qui redémarrent et une baisse des taux d'intérêt.
Un bémol malgré tout, les loyers restent toujours très élevés, ils ont encore augmenté de 3% en un an.
Avec Krystel Veillard.