En août 2023, Rennes a été classée zone tendue. Un an plus tard, les difficultés restent les mêmes pour trouver un appartement dans la capitale bretonne. Dans les agences, on reçoit 150 demandes pour un bien résume Mathilde Héligon, conseillère en immobilier. Pour les étudiants et les jeunes actifs, la situation est particulièrement compliquée.
"Ce n’est pas compliqué, je ne connais personne qui ait trouvé un appartement par les voies normales, avec une agence ou une petite annonce" explique Noémie. La jeune avocate cherche un appartement à Rennes depuis le mois de mars. "Au début, j’y suis allée tranquille et puis… Maintenant je me lève plus tôt pour aller regarder les annonces tombées dans la nuit pour essayer d’être dans les premières à appeler ou à laisser un message."
Une situation compliquée
Kristie confirme. C’est le deuxième appartement qu’elle visite après près de trois semaines de recherche. Elle a un bon salaire mais quand elle téléphone, "il est souvent trop tard. Il y a beaucoup de candidats, quand tu vois une annonce, c’est déjà complet et ce n’est pas possible de faire une visite."
Mathilde Héligon comprend le désarroi de ses deux clientes. "Pour un bien, on a 150 demandes explique la conseillère en immobilier. Alors on présélectionne. On n’organise des visites qu’avec des gens qui nous ont envoyé des dossiers complets. On fait trois ou quatre visites sur un appartement et en général, il est loué !"
Une zone tendue... Très tendue !
Le passage en zone tendue a un peu changé la donne pour les agences immobilières. Les loyers sont désormais encadrés et surtout, les préavis de départ sont ramenés à un mois au lieu de trois auparavant. "Cela fait qu’il y a des départs un peu tout le temps, décrit la conseillère, j’en ai reçu deux ce matin."
Une bonne nouvelle pour Fita. La jeune costarmoricaine a été admise à l’université de Rennes. Elle cherche "un toit, n’importe quoi. Du moment que je peux dormir, manger, réviser."
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Pénurie de studios
Rennes compte aujourd’hui 378 .000 habitants dont 73 .000 étudiants mais n’a pas suffisamment de petits appartements, studios, T1 ou T2.
"On savait qu’il y aurait un boom, mais on n’a pas assez construit" s’agace Nathan Guillemot, membre du Parti Pirate et vice-Président de l’Université de Rennes 2.
Résultat, en 2023, selon une enquête de l’UNEF, plus d’un étudiant sur deux se disait mal-logé.
@gouvernementFR ce chiffre est votre bilan ! Arrêtez de précariser les étudiant•e•s et de fermer les yeux sur une situation qui ne fait qu’empirer.
— UNEF (@UNEF) February 14, 2024
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Des étudiants qui dorment dans leur voiture ou au camping
En novembre, deux mois après la rentrée, près de 3% d’entre eux n’avaient pas de solution de logement durable. En septembre, dans la capitale bretonne, beaucoup trouvent refuge au camping municipal. "On s’habitue à ce genre de chose alors que c’est inacceptable, s’indigne Nathan Guillemot. Il y a des étudiants qui dorment dans leurs voitures, d’autres qui font une ou deux heures de transport par jour."
❄️ Le froid persiste et cette année, les radiateurs du Crous ont tardé des semaines à s’allumer.
— UNEF (@UNEF) January 14, 2024
💸 La situation découle d’un manque de financement, les coûts élevés des fluides rendent difficile leur prise en charge par le Crous.
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"Les conditions d’habitation ont pourtant d’énormes conséquences : si un étudiant vit dans un lieu insalubre, bruyant, sans chauffage, comment voulez-vous qu’il puisse se concentrer sur son travail", questionne Nathan Guillemot.
Le logement représente aujourd’hui 70% du budget des étudiants. "Si le loyer est trop cher, cela va impacter ce qui lui reste pour manger, se soigner."
L’UNEF demande la création en urgence de 150 .000 places CROUS en France et le versement d'un revenu d'autonomie de 1 158 euros par mois pour tous les étudiants.