En cette rentrée 2023, certains étudiants passent leurs nuits dans leurs voitures, dorment au camping, d’autres se font héberger quelques nuits par-ci par-là chez des amis. Une situation qui ne permet pas d’étudier dans de bonnes conditions alerte l'Union Pirate, syndicat étudiant, qui a symboliquement planté des tentes devant l'Université de Rennes 2 ce 26 septembre.
Dans la promotion d’Emma, étudiante en école d’infirmières, la moitié des élèves n’ont pas trouvé de solutions d’hébergement. "Ils doivent prendre le train tous les jours, et bientôt, les stages vont débuter, ils commencent parfois à 6h30 du matin, comment ils vont faire", s’inquiète la jeune fille.
Sur la petite aire de pelouse devant l’Université de Rennes 2, elle déploie des tentes de toutes les couleurs et les installe. "Quand on est étudiant, on a besoin d’un endroit pour pouvoir travailler, réviser, se concentrer. Quand on passe des heures dans les transports, ou quand on ne sait pas où on va dormir, c’est impossible de bien travailler."
Des conditions indignes
Pour cette rentrée 2023, Rennes accueille quelques 72 000 étudiants. "Ça grimpe d’années en années constate Nathan Guillemot de l’Union pirate. Il n’y a pas eu d’anticipation, regrette-t-il. On savait que les enfants du baby-boom des années 2000 allaient arriver à l’université, mais il n’y a pas eu suffisamment de logements de construits, là, on se retrouve dans l’urgence… et on ne peut pas construire des immeubles en deux jours."
"Résultat, décrit Nathan Guillemot, il y a des étudiants qui dorment dans leurs voitures, certains dépensent des sommes considérables dans des Airbnb et d’autres sont à la rue."
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Devoirs au camping
Jeanne Delahaye, elle, a trouvé refuge dans la caravane familiale au camping des Gayeulles à Rennes. Au milieu des camping-cars des retraités allemands ou néerlandais en vacances, elle envoie ses demandes de stage depuis l’auvent de sa petite caravane.
La jeune fille arrive du Mans pour suivre une formation pour devenir moniteur éducateur. Quand les résultats des écoles sont tombés, elle animait une colonie de vacances en Espagne. Impossible de tout quitter pour venir chercher un toit. Quand elle est arrivée, tout avait été pris d’assaut.
Quatre demandes pour une chambre au Crous
Pour chacune de ses 5 600 chambres, le Crous a reçu quatre demandes. "On a parfois des parents qui prennent un appartement en mai, avant même les résultats de Parcours-sup pour être sûrs de trouver quelque chose", racontent les agences immobilières rennaises.
À l’accueil du camping des Gayeulles, début septembre, on reçoit parfois des appels de parents en larmes parce qu’ils n’ont pas de solution.
"La semaine dernière, nous étions quatre de ma classe au camping témoigne Jeanne. C’est bizarre ! Au départ, il a fallu sortir de l’idée que camping égal vacances parce que là, camping égal études ! "
Des conditions difficiles pour étudier
"Ça va, poursuit l’étudiante, j’ai l’eau, l’électricité, du wifi pour travailler. "Jeanne a installé une petite guirlande lumineuse dans sa caravane pour la rendre plus coquette… "Mais quand on est étudiante, explique-t-elle, quand on sort de cours, on a besoin d’un chez soi pour se poser ". Elle parcourt les petites annonces et multiplie les visites dans les agences immobilières.
"Quand on a en tête, comment je vais finir mes fins de mois, comment je vais dormir, qu’est-ce que je vais manger, on ne peut pas se concentrer sur ses études, déplore Nathan Guilemot, on étudie moins bien et on finit par avoir une moins bonne scolarité."
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Le syndicat étudiant a constaté une hausse des loyers de 10% en moyenne en France. Aujourd'hui, le logement représente 56% du budget d'un étudiant.
L’Union pirate réclame un plan de construction de logements et la création d’un revenu étudiant pour que les jeunes n’aient plus à multiplier les petits boulots pour financer leur scolarité.
L'automne arrive
Jeanne regarde avec inquiétude les feuilles jaunir et commencer à tomber, signe que l’automne approche. "Dans la caravane, j’ai un petit chauffage, mais il faut sortir pour aller aux sanitaires, pour aller se laver, faire la vaisselle. Le soir, lâche-t-elle, il commence à faire frais, de plus en plus."
Selon les données du Crous, il manquerait aujourd’hui 1 500 logements étudiants pour la seule ville de Rennes.