En Bretagne, et notamment à Rennes, la pénurie de logements étudiants atteint des niveaux inédits. La présidence de l'Université lance un appel auprès de son propre personnel pour proposer des chambres. En espérant des solutions.
"Je n’y crois plus, c’est trop cher, je cherche depuis cinq mois".
Ce témoignage de Romane, étudiante en master de puéricultrice à Rennes, nous l’avons recueilli il y a quelques jours.
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Que ce soit en résidence universitaire avec le CROUS ou dans le parc privé, la pénurie de logements atteint des niveaux jamais égalés à Rennes. Certains pensent à renoncer à leur année d’étude.
Devant la gravité de la situation, la présidente de l’Université tire la sonnette d’alarme. Elle lance un appel auprès de son propre personnel pour loger des étudiants, en espérant des solutions.
"En cette rentrée, nous constations que nous avons plusieurs dizaines d’étudiants qui n’ont pas de logement, alarme Cécile Leconte, vice-présidente de l’Université de Rennes et chargé de la formation et de la vie étudiante. Certains de nos collègues peuvent avoir une chambre, un logement vacant qu’ils n’auraient pas encore mis à la location. C’est peut-être le moment de le faire dans un élan de solidarité vers les étudiants".
On ne peut pas s’intéresser aux cours, on n’arrive pas à se motiver, à se concentrer quand on ne sait pas où on va dormir le soir. La situation est urgente, car certaines étudiants pensent à abandonner leur formation.
Cécile LecomteVice-présidente de l’Université de Rennes
Les origines du problème commencent à être bien connues : Rennes est une ville attractive. La population étudiante augmente. Par conséquent, les loyers augmentent mécaniquement.
Par ailleurs, les plateformes de location comme Airbnb ont aussi fait beaucoup de mal. Ils ne sont pas adaptés aux étudiants, qui recherchent plutôt une location longue durée et qui ne peuvent pas bénéficier des APL s’ils louent via une plate-forme de ce type.
Elle étudie à Rennes.... et habite à Brest
Assibahati Ali est en prépa « Talents du Service public » à l’IPAG (Institut de Préparation à l’Administration Générale) où elle prépare le concours de secrétaire administrative (un diplôme universitaire post-bac).
L’école est située au cœur de Rennes. Assibahati, elle, habite… au foyer des jeunes travailleurs de Brest ! En tant que demandeuse d’emploi, elle ne pouvait pas prétendre au logement en cité U.
"Mon quotidien, raconte-t-elle, c’est que je prends le train à 6 h 30 du matin chaque jour pour arriver à Rennes vers 8 h 30 et en cours à 8 h 50, si je cours assez vite".
Une situation intenable sur la durée. Mais l’étudiante originaire de Mayotte s’accroche. Elle a attendu longtemps avant d’avoir pu intégrer l’IPAG (Institut de Préparation à l’Administration Générale). Pour elle qui veut devenir secrétaire administrative, c’est primordial, "c’est une chance".
Au niveau financier, au niveau de la fatigue, tant physique que mentale, elle ne sait pas comment elle va faire. "On n’a pas le temps de se mettre dans les cours, déplore-t-elle. On pense au trajet, à la recherche de logement".
Qui plus est, elle n’a plus le temps de chercher un logement. Elle continue un peu au téléphone, elle est sur liste d’attente dans plusieurs agences. Pour l’instant, elle ne voit pas le bout du tunnel.