Témoignage. La galère des logements étudiants : “Je n’y crois plus, c’est trop cher, je cherche depuis 5 mois”

Publié le Écrit par Benoit Thibaut

Propriétaires frileux face aux colocations étudiantes, tarifs des loyers qui s’envolent, les étudiants avec un budget serré perdent espoir. Trouver un appartement étudiant sur Rennes est un parcours du combattant. Témoignages.

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Ils ont entre 19 et 20 ans, sont étudiants à Rennes et s’épuisent à chercher leur premier logement. Romane et Manolo rêvent d'un appartement en colocation ou en solo mais leur budget loyer de 400 euros par personne ne leur permet pas de trouver à se loger à Rennes. “J’ai commencé mes recherches début mai, au moment où les appartements étudiants se libèrent” soupire Romane, “nous sommes en septembre et je n’ai eu que des refus”.

“550 euros pour mon loyer étudiant, c’est trop.”

Romane, étudiante en Master à Rennes

La capitale de la Bretagne est une ville étudiante dont le marché locatif est particulièrement difficile. “Le marché est connu pour être vraiment tendu, surtout en cette période de rentrée universitaire” appuie un responsable d’agence immobilière du centre-ville. 

Tellement tendu que Romane, en master de puéricultrice après son diplôme d’infirmière, doit rester vivre chez ses parents près de Rennes. “J’ai travaillé à temps plein tout l’été dès le lendemain de l’obtention de mon diplôme d’infirmière” s’impatiente la jeune femme de 20 ans. “J’ai gagné 2000 euros par mois en juillet et en août. Je mets de côté, mais je ne peux pas mettre 550 ou 600 euros dans un loyer. C’est trop”.

Budget pas illimité, les étudiants se tournent vers la colocation…

La jeune femme ne reçoit pas d’aide financière de sa famille. “Mon budget n’est pas illimité. Entre les frais d’inscription en master, l’école, les repas et quelques sorties, mon loyer doit être limité à 400 euros”. Avec ce budget soit les appartements de Rennes “font tout juste 9m2 et ne sont pas en bon état” ou sont des chambres chez l’habitant. Romane qui continue de travailler comme infirmière, en plus de sa formation, ne souhaite pas partir de chez ses parents pour vivre ailleurs qu’en colocation. “Pour m’en sortir financièrement, je dois partager les frais d’appartement avec des amis et cela me rassure de ne pas être seule chez moi”.

Lire : Rentrée étudiante. Toujours plus chère, près de 3 000 euros pour les étudiants bretons

Manolo, 19 ans, est en contrat de formation avec l’hôpital Pontchaillou. Le jeune homme termine sa dernière année de formation comme infirmier et est déjà assuré d’un poste au CHU de Rennes dès la fin de ses études. Salaire net promis autour de 2000 euros net dès la fin de l’année scolaire. Pour lui aussi, trouver à se loger est une galère. “Je n’y crois plus. Je sens que je n’arriverai pas à me loger tant que je n’ai pas de CDI”. 

Je n’y crois plus. Je sens que je n’arriverai pas à me loger

Manolo, étudiant en dernière année d'infirmier à Rennes

Comme Romane, Manolo ne peut pas mettre plus de 400 euros par mois dans son loyer.

“Bien sûr ceux qui peuvent mettre 600 euros ou plus dans un loyer finissent par trouver” commente le jeune homme obligé de rester vivre chez ses parents. “C’est exaspérant, quand on n’a pas cette somme, on est bloqué”. Comme Romane, Manolo a revu à la baisse ses exigences immobilières. “Je n’ai même plus aucune” plaisante Romane. “Au début dans la colocation de mes rêves, je voulais une chambre par personne, un salon comme pièce de vie et être proche du centre. À trois, pour 1200 euros de loyer, nous n’aurons pas mieux que deux chambres et un salon transformé en troisième chambre dans un quartier de la ville”.

La lutte au meilleur dossier est rude. Même si ces deux étudiants ont la promesse d’embauche et de rester sur la durée à Rennes, les propriétaires favorisent toujours des candidats avec des revenus personnels ou familiaux plus importants.

… mais les propriétaires préfèrent louer à des familles

“Les propriétaires ne souhaitent pas de colocation” certifie un directeur d’agence immobilière rennaise.  “Les expériences sont trop souvent mauvaises. Les jeunes promettent toujours d’être des anges mais quelque temps après, trop souvent, les colocations perturbent la vie des copropriétés”.

Beaucoup de propriétaires à Rennes sont échaudés par les colocs et demandent aux agents immobiliers de trouver des familles pour le marché des T3 ou T4. 

Exception à cette règle, le quartier de Villejean où se trouve la faculté de Rennes 2. “Des immeubles complets se sont transformés en résidence universitaire privée. Il n’y a que des colocations et les rares propriétaires résidant vendent leurs appartements, désabusés par le bruit…” souffle un agent immobilier rennais.

Sur le marché du particulier à particulier, les prix peuvent devenir très très élevés.

Un agent immobilier sur Rennes

Le prix moyen d’une petite surface à Rennes est de 350 euros pour un 9m2 ou 450 euros pour un T1 quand on passe par une agence, analyse un professionnel de l’immobilier. “Sur le marché du particulier à particulier les prix peuvent devenir très très élevés, indécents, j’ai vu des 19m2 à 600 euros” lâche cet expert du marché rennais. “Des étudiants se font avoir car ils n’ont pas le choix”.

Plus d’apparts sur AirBnB moins d’offres aux CROUS

Rennes est confronté à une hausse du nombre d’étudiants chaque année. En face, le nombre d’appartements qui se louent sur les plateformes comme AirBNB augmente. “Cela réduit d’autant le parc locatif étudiant” s’alarme Ulysse David, vice-président du syndicat étudiant FAHB. Autre problème les places au CROUS ne suivent pas la demande. “Chaque année le taux de renouvellement des chambres au CROUS baisse. Les étudiants qui obtiennent une place gardent leur chambre l’été pour l‘année suivante et cela ne permet pas de prendre des nouveaux dans le besoin” assure celui qui est également élu au CROUS Bretagne.

Lire : Crise du logement étudiant. "On a 4 demandes pour 1 logement" en résidence universitaire en Bretagne

Manolo et Aurore continuent leurs recherches de logement. Le jeune homme se promet de réussir ses études au plus vite pour intégrer l’hôpital et enfin avoir une vie sociale épanouie.

“Le CHU me finance mes études contre un CDI à la sortie, je pourrai alors me loger et sortir sur Rennes. Aujourd’hui pour sortir en ville, je dois dormir chez des amis, mais je sens que ma présence régulière perturbe la vie de ceux qui m’accueillent”.

Lueur d’espoir, l’arrivée du mois d’octobre. “Chaque année, des appartements se libèrent de nouveaux fin septembre, début octobre. Des étudiants se trompent de voie ou arrêtent et remettent leurs logements sur le marché de la location” confie un agent immobilier du centre-ville de Rennes.

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