"Étudiants(es) lorientais(ese), vous êtes nos invités !" Un restaurant du centre-ville de Lorient a décidé d'offrir le déjeuner à six étudiants chaque jour et ce, jusqu'à la fin de l'année. Une initiative bienvenue en ces temps d'inflation. Les étudiants que nous avons croisés avaient du mal à y croire.
"C'est juste incroyable !" Assise devant un burger et des frites avec cinq autres étudiants de l’université de Lorient, Corinna a encore du mal à y croire. "Au début, je me suis dit : 'c’est sûr, ce n’est pas à Lorient, c'est à Paris !' Mais non c'est ici. Une initiative comme ça, c'est incroyable !"
L'initiative en question s'appelle 'On a les crocs'. Elle est portée par l'équipe du Rooster, un restaurant du centre-ville de Lorient. Chaque midi, du mardi au samedi, six repas sont offerts aux étudiants.
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"Il y a une demande, explique Bruno Dumay, codirecteur du restaurant. On a voulu dans ces moments de disette leur donner un coup de main par solidarité et citoyenneté."
Le site de réservation On a les crocs a été lancé le week-end dernier, quelques jours avant le premier service. "On a eu immédiatement plein de réservations alors qu'on n’avait pas encore communiqué dessus. Les étudiants se partagent les bons plans pour en faire profiter leurs amis au maximum."
"Avec l'inflation, c'est compliqué"
C'est le cas de Chloé, en Master 1 à la faculté. Elle en entend parler par une amie qui partage cette "belle initiative" sur les réseaux. "Avec l’inflation, c’est parfois difficile, se livre-t-elle. On a nos parents qui peuvent nous aider parfois mais ils ne peuvent pas payer et le loyer et toutes les factures. Quand on fait les courses, qu’on voit le montant et qu’on se rend compte que c’est uniquement pour une semaine, c’est compliqué."
"Ça serait bien que cette initiative soit étendue à d'autres d'endroits, développe Chloé, car aujourd'hui il y en a plein qui sont complètement inaccessibles aux étudiants."
Des propos partagés par Bruno Dumay. Il espère faire des émules et voir beaucoup de professionnels accomplir une action solidaire.
Le restaurateur confie que ses confrères sont "sensibles au sujet" et que certains disent "étudier la possibilité de rejoindre le mouvement". Il comprend néanmoins que les temps sont rudes dans la profession et que tout le monde ne suivra pas, même s'il s'agit d'un "effort et d'un coût pas insurmontables".
"Je sais que ce n’est pas réalisable pour tout le monde, renchérit Corinna. Mais j’avoue que si les initiatives comme celle-là peuvent se développer, les étudiants sont preneurs."
À table, ce vendredi, les six étudiants ne se connaissaient pas. "On est dans la même université mais pas dans la même formation" développe Chloé. L'occasion de faire des rencontres autour d'un bon repas chaud.