47 nouvelles communes bretonnes ont été classées en "zone tendue". Parmi elle, Arradon, "le Neuilly du 56", où il est presque impossible pour des jeunes actifs de se loger. Le maire va pouvoir déployer des dispositifs d'accès aux logements. Explications.
"On a pu mais aujourd'hui financièrement on ne pourrait plus." Sur le marché d'Arradon, les propriétaires - plutôt âgés - que nous rencontrons sont unanimes : ils ne pourraient pas racheter leur logement. "À moins d'être bien né ou d'être médecin, c'est impossible."
C'est le cas de Nadine qui a acheté sa maison dans les années 80. "Le prix du terrain était de 100 francs le m2 et il est maintenant à 600-700 euros le m2. C'est énorme, cette évolution en 40 ans." Et de conclure : "Il n'y a plus que des retraités et des nantis pour acheter à Arradon."
"Le Neuilly du 56"
Cette commune du littoral morbihannais aux 5.885 habitants, est appelée "la Riviera du Golfe" ou encore "le Neuilly du 56". Ici, le locatif est rare et le foncier est cher. "Les jeunes qui travaillent sur la commune sont obligés de se loger ailleurs", déplore Nadine. "Il y a quelques mois de délai pour trouver un loyer décent et un simple T2, c'est 700 euros par mois" précise Malo, un jeune agriculteur de la commune.
Si la part des résidences secondaires ne représente que 19% des logements, les nouveaux habitants sont quasi tous âgés et fortunés. Le prix médian pour une maison avoisine aujourd'hui les 500.000 euros. "Les prix ont fortement augmenté depuis le covid, constate Sophia Christov, responsable d'une agence immobilière sur la commune. Les logements sont rares et chers et il y a de moins en moins de terrains disponibles. C'est la loi de l'offre et la demande."
Faire venir les jeunes travailleurs
Depuis son élection en 2020, le maire Pascal Barret a donc fait du logement un axe prioritaire. Son objectif : faire venir "une population indispensable de jeunes travailleurs qui garniront nos écoles demain et d'après demain. Ils feront tourner nos commerces et nos associations."
Sa commune est désormais classée en zone tendue B1 avec 46 autres communes bretonnes. "C'est une vraie reconnaissance de la difficulté d'accès au logement," se réjouit-il.
Un logement à 40 % du prix du marché
Ce dispositif va lui permettre de soutenir l'investissement locatif et faire bénéficier à de nouveau acquéreurs d'aides à l'accession à la propriété comme le bail réel solidaire : "Le terrain appartient à un organisme public comme un organisme foncier solidaire et la maison ou l'appartement appartient au propriétaire qui peut l’acquérir en fonction de ses ressources."
Avec deux énormes avantages : "Il l’acquiert à 30 ou 40 % du prix du marché et il va en plus pouvoir emprunter à taux 0." De son côté la préfecture de Bretagne avance que "les logements locatifs intermédiaires, destinés aux classes moyennes, présentent des loyers inférieurs de 10 à 15% au marché locatif local."
Avec près de 9% d’habitat social, Arradon est loin de respecter le quota de 20 % que lui impose la loi. Deux programmes de construction de logements sociaux sont donc sur les rails pour atteindre cet objectif d'ici quelques années.
Saint-Brieuc, Lamballe ou encore Cancale
En 2023, ce sont Brest, Quimper, Lorient ou Vannes qui étaient déjà passés en zone tendue. Cette nouvelle mise à jour permet à 47 communes bretonnes d'y accéder dont Saint-Brieuc, Lamballe, Cancale, Vitré, Gouesnou ou Theix-Noyalo. "De nombreuses communes littorales, où la pression touristique aggrave encore la difficulté à se loger, sont également reconnues comme tendues," précise un communiqué de la préfecture de Bretagne.
La ville de Rennes est désormais classée en zone A, catégorie reflétant le plus haut niveau de tension en matière d'accès au logement.
(Avec Yoann Etienne)