De nombreuses communes se préparent au réchauffement climatique, avec son lot de tempêtes et d'inondations. Certaines investissent des centaines de milliers d'euros notamment pour protéger leur zone côtière. Avec un paradoxe, ces catastrophes naturelles à venir n'ont aucun impact sur le marché de l'immobilier. Bien au contraire.
Damgan dans le Morbihan, 2000 habitants l'hiver, près de 30 000 en été. La commune balnéaire connaît une vraie dynamique immobilière grâce au marché des résidences secondaires. Mais pour l'avenir, elle se prépare à une autre arrivée massive. Les submersions marines et autres inondations qui vont s'accroître avec la montée des eaux. Alors pour se défendre, elle investit dans des murs, enrochements et autres digues de protection, pour plus de 170 000 euros ces deux dernières années. "On a fait différentes cartographies sur des zonages précis, pour repérer les risques présents et à venir. On a aussi anticipé en bloquant l'urbanisation dans certains secteurs", souligne Marc Lamour, 1ᵉʳ adjoint au maire de Damgan.
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Des risques de submersion qui ne font pas baisser les prix
Damgan, c'est là où Daniel Talhouarne et son épouse ont posé leurs valises il y a 11 ans. Pour leur retraite, ils ont fait construire leur maison à 100 mètres de la plage. Depuis quelque temps, ils savent que les inondations sont une menace sérieuse.
Entre 2018 et 2024, les prix de l'immobilier sur ce secteur à risques ont augmenté de 47%. La plupart des acheteurs font fi du risque.
Philippe Sallouxagent immobilier et vice-président de la FNAIM du Morbihan
Philippe Salloux est agent immobilier et il connaît bien le secteur. Carte en main, il nous montre les quartiers sur la bande littorale en rouge. Une zone sur laquelle les risques de submersion sont majeurs. Des risques qui ne font pas baisser les prix de l'immobilier, bien au contraire : "Sur la période 2022-2024, le prix moyen est autour de 3962 euros le m2. On estime qu'entre 2018 et 2024, les prix de l'immobilier sur ce secteur à risques ont augmenté de 47%. La plupart des acheteurs font fi du risque, en considérant sans doute qu'ils ne sont pas affectés", conclut le vice-président de la FNAIM du Morbihan.
40 000 logements pourraient devenir inhabitables
Selon les dernières études scientifiques, publiées il y a trois mois, près de 700 logements bretons seront touchés en 2050 par ces événements climatiques. Et en 2100, ce seront 40 000 biens qui pourraient devenir inhabitables. Avec, dans certains cas, des expropriations obligeant les propriétaires à déménager : "C'est inévitable. On a déjà commencé à délocaliser de la population ailleurs dans le monde. Donc ça arriverait aussi dans quelques secteurs en Bretagne", explique le docteur Mouncef Sedrati, directeur du laboratoire "Geo Ocean" de l'Université de Bretagne Sud.
Un scénario que la commune de Damgan prend au sérieux. Elle a déjà acquis une parcelle de 4 hectares. Un terrain censé accueillir les premiers propriétaires expulsés pour raison climatique.
(avec Romuald Bonnant et Stéphane Izad)