Coronavirus : Lydie, producteur de lait "On a souvent des larmes aux yeux, on ne dort plus très bien "

La grande distribution achète moins de produits frais. De nombreux petits producteurs locaux doivent donc s'adapter. Dans le Morbihan, à Locoal-Mendon, la ferme "Le P'tit fermier de Kervihan" mise désormais sur les particuliers. Mais ses stocks de fromage augmentent dangereusement.

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"On a souvent des larmes aux yeux , de gros coups de blues et on ne dort plus très bien". Lydie Joyeux est pourtant d'un naturel optimiste mais aujourd'hui l'inquiétude la ronge. Cette ancienne responsable marketing a fait le pari de la reconversion en créant "Le P'tit Fermier de Kervihan" il y a dix ans avec son époux, ancien membre de l'équipe de France de voile. 

Jusqu'alors leur ferme-fromagerie bio dans le Morbihan, créée de A à Z avec 80 vaches, avançait à un bon rythme de croisière. Son chiffre d'affaire augmentait de 30 % tous les ans, mais aujourd'hui il a diminué de plus de la moitié.
 

Série noire depuis le début du mois


"Depuis le 2 mars, les mauvaises nouvelles s'accumulent. Nous sommes à proximité d'un cluster. Ensuite, les écoles ont fermé. Or nous sommes fournisseurs de plusieurs cantines. Enfin le coup de grâce est venu de nos plus gros clients, les grandes et moyennes surfaces, qui ont décidé de se concentrer sur les produits stockables. Les rayons frais ne sont plus leur priorité en terme d'achats" explique l'agricultrice.

Car si l'économie tourne au ralenti, "Malheureusement, le robinet à lait, lui, reste ouvert" fait remarquer avec une pointe d'ironie Lydie Joyeux. En moyenne, ses 80 vaches produisent 1800 litres chaque jour. D'autant plus que ces animaux sont actuellement en pic de lactation puisqu'ils mangent une herbe bien grasse de cette période de pré-printemps.
 
 
 

Un élan de solidarité via les réseaux sociaux


Résultat : les caves d'affinage de fromage se remplissent dangereusement. L'exploitation s'est donc adaptée en concentrant désormais sa production sur les yaourts, la crème et le beurre. Et en misant sur la vente et la livraison aux particuliers.

"Mon appel à la solidarité sur notre page facebook a reçu un formidable écho. Depuis le début de la semaine, une centaine de clients se déplacent jusqu'à notre magasin. Habituellement ils ne sont pas plus de quinze dans la journée" se réjouit tout de même la gérante de la ferme. 
 
 

Garder la motivation des salariés


Cette nouvelle clientèle est indispensable pour maintenir la trésorerie à flots, car les commandes du côté des centrales d'achat ne redémarrent que timidement. Même si comme beaucoup de petits chefs d'entreprises, Lydie et son époux ont obtenu le report du paiement de leurs prêts auprès des banques" En ces temps difficiles , j'ai pu aussi compter sur l'écoute des services de la Région et la solidarité du réseau -Produit en Bretagne- auquel j'appartiens. C'est important de pouvoir échanger avec d'autres membres" avoue l'agricultrice. 

Mais ce qui l'inquiète le plus aujourd'hui, c'est de maintenir la cohésion et la motivation de ses quinze salariés. Depuis le début du mois de mars, la moitié d'entre eux ont été mis au chômage technique

 
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