Coronavirus : "gestion de crise" dans la production laitière

Notre société vit depuis ce midi au ralenti. Les restaurants sont fermés, la plupart des établissements scolaires aussi. Pourtant les vaches continuent à produire du lait... Comment le précieux breuvage est-il collecté ? Où et comment est-il écoulé ? Les professionnels doivent se réorganiser.

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"Pour l'instant, tout va bien." Pascal Jamois, éleveur du côté de Châteaugiron (en Ille-et-Vilaine) est rassurant : ce producteur laitier, comme tous ceux que nous avons contactés, arrive à écouler son lait sans problème.

Ses 80 vaches bio fournissent entre 35 et 40.000 litres de lait par mois. "Le camion est passé cette nuit, mes 3.000 litres sont partis. Là, où ça risque de coincer, c'est si le chauffeur ou quelqu'un d'autre dans l'usine est touché par le virus..."

"La collecte, c'est vital !"
confirme Constant Hamel, lui aussi producteur laitier dans le pays rennais. Pour le moment, le laitier passe chez lui, tous les trois jours mais "si la collecte s'arrête, là, on sera obligé de jeter !"
 


"A nous de prendre nos précautions, entre autres vis-à-vis des chauffeurs, renchérit Loïc Guines, le président de la chambre d'agriculture d'Ille-et-Vilaine. Tous les producteurs ont reçu ces dernières heures, un message de leur coopérative : gestes barrière, mise à disposition de savon, distances à respecter... "La seule préconisation, c'est de faire attention, d'augmenter les précautions, notamment pour que la collecte de lait soit assurée."
 

En pleine "gestion de crise"


Si l'épidémie de coronavirus ne semble pas avoir impacté les producteurs laitiers, toute la chaîne de production laitière, elle, est en cours de réorganisation. 

Arnaud Ménard, responsable des achats chez Triballat, n'a par exemple, pas le temps de développer : "Nous sommes en pleine gestion de crise afin de trouver des solutions pour continuer à assurer la collecte auprès de nos producteurs et assurer la transformation et la distribution de nos produits" explique le service communication de l'entreprise basée à Noyal-sur-Vilaine.

"Au niveau des ventes, c'est un peu le bazar" reconnaît en effet Hervé Le Roy, le président de la coopérative Laitik. "On assiste à un déplacement de consommation." Comme les restaurants, crèches, bars et autres restaurations collectives sont fermés, les consommateurs vont en effet s'alimenter ailleurs. En l'occurrence, du fait du confinement, c'est vers les supermarchés que les consommations sont reportées !" Grandes surfaces d'autant plus sollicitées avec l'arrivée de nombreux Parisiens venus passer les 15 jours de confinement en région.
 

Charge donc aux industriels de réorienter leurs fabrications. En transformant le lait en produits laitiers, à destination du grand public. "Il va bien falloir que tout le monde mange ! continue Loïc Guines. La vie doit continuer, d'autant qu'on travaille avec de la matière vivante. Nos productions animales et végétales sont nécessaires !" poursuit le président de la chambre d'agriculture 35.
 

"Toute la chaîne est chamboulée"


Répondre et s'adapter à la demande, c'est bien là tout le défi que doivent relever les professionnels de l'agro-alimentaire. "Certaines enseignes ne passent plus prendre leurs commandes, d'autres au contraire viennent en chercher davantage... Toute la chaîne entre commande et livraison est chamboulée, décrit Hervé le Roy. C'est un peu le foutoir, mais on s'adapte au jour le jour" reconnaît le président de Laitik qui regroupe 45 producteurs laitiers bretons.

Sa structure ne comptant qu'une quinzaine de salariés, souplesse et réactivité sont de mise : "On fait beaucoup de dépannages ! Si un magasin appelle au secours, on peut charger une palette et le livrer ! C'est l'avantage d'une petite structure qui produit et distribue !" 

Ses 280.000 litres de lait par semaine, sont maintenant tous transformés : mis en brique, plus facile à stocker et avec une durée de conservation de six mois. 

 "Le lait a besoin d'être transformé, complète Loïc Guines, mais c'est un produit qui ne nécessite pas trop de main d'oeuvre. Dans les usines, les personnes entre elles, ne sont pas trop proches" relativise le président de la chambre d'agriculture d'Ille-et-Vilaine.

Les contacts humains sont beaucoup plus nombreux dans la maraîchage et dans le commerce d'animaux. "Là, ça voyage pas mal ! Les négociants en bestiaux sont obligés de se croiser, souligne prudent Loïc Guines, qui invite chacun à s'obliger au respect des règles de base. Finie la poignée de main, quant au petit café (traditionnel et courtois) il attendra que l'épidémie soit passée.

 
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