Selon une étude publiée par l'Observatoire de l'emploi des entrepreneurs, 1.535 chefs d'entreprises bretons ont perdu leur activité en 2022 suite à des faillites. Une hausse de près de 45% en un an. Le Morbihan est le département le plus touché. Témoignage d'un entrepreneur qui a réussi à rebondir.
"Quand on est dirigeant de TPE ou PME, on se prend parfois un peu pour un super-héros..." François sait de quoi il parle : il a dirigé, durant cinq ans, les Brasseries de Bretagne : quarante salariés et des millions d'euros à gérer au quotidien, ce n'est pas rien. Mais un jour, épuisé, il a tout arrêté.
Quand le super-héros se retrouve au chômage
Une véritable descente aux enfers dont il n'arrive pas à se relever. Pour la première fois de sa vie, le "super-héros" se retrouve au chômage, contraint pour s'en sortir à une introspection douloureuse : "J'ai beaucoup pleuré parce qu'on va dans l'intime. On va chercher à comprendre qui on est, quelle est notre histoire (...) quelles sont les limites qu'on s'est créées tout seul..."
Un échec dont il a beaucoup appris et qu'il met aujourd'hui au service des autres puisqu'il a créé sa propre entreprise d'accompagnement de dirigeants : "Aujourd'hui, je suis plus fort... Si je peux éviter à certaines personnes de souffrir -parce qu'on n'est pas obligé de souffrir pour réussir- c'est gagné !"
1 535 chefs d'entreprises sans emploi en 2022
Chaque jour, au moins quatre chefs d'entreprise perdent leur emploi en Bretagne. Et selon une étude publiée par l'Observatoire de l'emploi des entrepreneurs, 1.535 chefs d'entreprises bretons ont perdu leur activité en 2022 suite à des faillites. Une hausse de près de 45% en un an. Les structures composées de moins de trois salariés sont les plus touchées (8 pertes sur 10).
Des chiffres qui varient d'une région à l'autre, selon l'association GSC et la société Altares à l'origine de cet observatoire qui parle de "difficultés multifactorielles" pour expliquer ces "fragilités".
En ce qui concerne notre région bretonne, ce sont les entreprises qui sont en lien direct avec les clients qui sont le plus touchés par cette vague de "fragilités" : l'hôtellerie-restauration, les débits de boissons enregistrent par exemple +94,9% de faillites supplémentaires en un an. Le commerce : +53%, la construction : +46,4%...
Le contexte explique beaucoup de choses : d'un côté parce que les clients sont des consommateurs dont le porte-monnaie varie avec l'inflation, de l'autre parce que les prêts immobiliers et les taux d'intérêt rendent les constructions plus rares et plus chères.
En revanche, le secteur de l'assurance et de l'agriculture enregistrent moins de faillites avec respectivement -13,3% et -8,9%.
"Les secousses s'enchaînent"
Après trois années marquées par les crises sanitaires, la vie a été difficile pour les dirigeants de très petites et moyennes entreprises, TPE-PME. Le Covid-19, le remboursement de dettes comme le fameux PGE (les prêts garantis par l'État octroyés durant la crise sanitaire), l'envolée des prix de l'énergie et des matières premières, la hausse des taux d'intérêt... Autant de raisons qui ont freiné l'activité.
"Crise sanitaire, géopolitique, énergétique, climatique... les secousses s'enchaînent (...) pourtant la menace d'une récession un temps redoutée semble s'éloigner" explique Frédéric Barth, le directeur général d'Altares qui indique que les indices sont meilleurs qu'attendus en ce début 2023, "mais les dirigeants d'entreprises vont devoir composer avec des risques encore bien présents."