Grâce à la recherche bretonne, Thomas Pesquet emmènera moins de plastiques dans les étoiles

A 11 h 49, heure française, ce 23 avril, la fusée SpaceX décollera de Cap Canaveral en Floride vers la Station Spatiale Internationale. A son bord, Thomas Pesquet emmènera le matériel scientifique de sa mission dans des emballages bretons innovants et biodégradables.

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5… 4… 3.. 2.. 1… Lift off... La fusée va grimper dans le ciel pendant quinze minutes, puis le vaisseau va se détacher, pour poursuivre son voyage vers les étoiles, propulsé par 16 moteurs. Un voyage long et mouvementé : l’arrivée à bord de la station est prévue 24 h plus tard et le matériel va devoir supporter les chocs et les vibrations de ce transport "spatial".

Jusqu’ici, tout était acheminé dans des caissons fabriqués à partir de pétrole. Efficaces certes, mais aussi terriblement encombrants et parfaitement inutiles dès la fin du voyage. Au retour de sa première mission dans l’espace, Thomas Pesquet avait suggéré de réfléchir à la question des emballages. "Vue de l'espace, avait-il confié, la Terre ressemble à une fragile bulle de savon".

Pour la protéger, l'astronaute ne manque ni d'idées, ni d'imagination. Les chercheurs et industriels bretons vont l'aider à le faire. 
 


Un emballage breton biodégradable et innovant 

ComposiTIC a été missionné pour imaginer de nouveaux types d’emballages. Pendant presque un an, ce centre de transfert technologique de l’Université de Bretagne Sud a développé et testé un conditionnement à base de polyhydroxyalcanoate : un nom un peu barbare pour désigner une matière produite par la fermentation des sucres ou des lipides.

Cette matière totalement biodégradable est déjà utilisée par l’industrie agroalimentaire, pour le conditionnement de certains produits, ou dans le domaine médical, comme matériel de suture ou d’encapsulation de substances actives.

Des  étoiles plein les yeux, Yves-Marie Corre, ingénieur de recherche et responsable technique de la plateforme, raconte comment ComposiTIC a conditionné la matière en filament, qu'une imprimante 3D transforme ensuite en mousse alvéolée.

©I. Rettig/S.Izad/FTV


Une vingtaine de petites plaques ont été fabriquées. De quoi réaliser quatre boîtes, prêtes à répondre à toutes les exigences du Centre national d’éudes spatiales et à "encaisser" tous les aléas d’un vol dans l’espace.

Dans une prochaine mission, dès qu’ils seront à bord, ces emballages pourront commencer une deuxième vie. Les astronautes pourraient y faire pousser des légumes… des salades ou des tomates, par exemple, au fur et à mesure que la plante grandit, la matière va se dégrader et lui apporter les nutriments nécessaires à sa croissance.

Rien ne s’oppose non plus à ce que la matière puisse être retravaillée par une imprimante 3D pour acquérir de nouvelles formes et de nouvelles missions.

Un conte de fées dans les étoiles

Dans le célèbre conte de Grimm, Hansel et Gretel découvrent émerveillés une maison faite en pain d’épices. Un jour, lors d’une réunion de réflexion sur la nourriture dans l’espace, Thomas Pesquet, qui a sans doute gardé son âme d’enfant, a demandé s’il était possible d’envisager des contenants comestibles. L'idée était lancée !

Thierry Varlet, l'un des fondateurs  de "Innovons à 360°", a immédiatement commencé à réfléchir. Des essais ont été menés avec des galettes de riz, de maïs, des pâtes de fruit, mais les résultats n’étaient pas satisfaisants.

Alors, on est revenu au bon vieux pain d’épices. Pain d'épices au gingembre, madeleines au chocolat, pains de Gènes ont été parfaitement aplatis, emballés dans des films plastiques glissés dans des alvéoles de polymère biodégradable.

Et les gourmandises serviront de boîtes et d'amortisseurs au matériel emmené en orbite.

 

 

L’objectif, c’est que ces futurs emballages pour des missions lointaines ne soient plus constitués par des matériaux qui seraient perdus, qui deviennent des déchets et prennent de la place dans la station internationale. Mais qu'ils soient remplacés par des matériaux que les astronautes puissent manger 

Thierry Varlet, dirigeant de Innovons à 360°


Mais Thomas Pesquet devra vérifier que le pain d’épices au gingembre, dont il raffole, protège aussi bien que les emballages classiques. Parce que, malheureusement, le conte de fées s’arrête là : les agences spatiales européennes n’ont pas encore homologué la consommation de ses douceurs... Seule la résistance aux chocs et aux vibrations du pain d’épices sera testée… on ne saura rien de son goût !

Objectif Mars 2040

Mais l’objectif, c’est le voyage vers Mars en 2040. D’ici là, les emballages de l’espace seront peut être tous en pain d’épices ou en crêpes au chocolat… le métier d’astronaute n’a pas fini de nous faire rêver.

 

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