La décision du préfet du Morbihan d'interdire, pendant le confinement, la vente d'alcools forts dans l'optique de lutter contre les violences familiales est "arbitraire, discriminatoire et inefficace", ont dénoncé ce vendredi les producteurs et distributeurs de spiritueux.
Dans le département du Morbihan , la vente à emporter d'alcool - hors bière, cidre et vin - est interdite depuis le 17 avril et jusqu'au 11 mai, date théorique de levée du confinement. L'objectif est "réduire les différends familiaux dans un contexte d'alcoolisation", selon l'arrêté signé le 16 avril par le préfet Patrice Faure.
"Nous sommes conscients du contexte sanitaire actuel et tous sensibles aux problèmes des violences intrafamiliales que cela peut entraîner, mais la prohibition n'est pas une solution", affirme la Fédération française des spiritueux dans un communiqué..
ajoute-t-elle.Alors que notre secteur, constitué de 90% de PME, s'est largement mobilisé pour fournir l'alcool nécessaire à la fabrication du gel hydroalcoolique et qu'il se bat pour sauvegarder ses emplois, nous ne comprenons pas cette décision arbitraire, discriminatoire et inefficace d'un point de vue de santé publique
L'interdiction "va simplement entraîner un report vers les autres boissons alcoolisées", estime l'organisation professionnelle, qui rappelle qu'"un verre standard de vin, bière ou spiritueux contient la même quantité d'alcool".
"Force est de constater que le duo confinement-alcool fait mauvais ménage", avait souligné le préfet du Morbihan dans une vidéo le 17 avril. Il évoquait des violences intrafamiliales en hausse de "plus de 30% en quelques jours".
Le 24 mars, la préfecture de l'Aisne avait elle aussi annoncé l'interdiction de la vente d'alcool avant de faire marche arrière dans la même journée. Pour expliquer ce revirement soudain, la préfecture avait invoqué "des échanges avec des addictologues sur certaines conséquences négatives possibles d'une mesure généralisée, même très temporaire".