Dans un message posté sur le réseau X, l’ancien journaliste sportif, Charles Biétry, salue l’annonce du projet de loi sur l’aide active à mourir. Installé à Carnac dans le Morbihan, il avait révélé au printemps 2023 souffrir de la maladie de Charcot qui paralyse ses muscles, les uns après les autres. "Cette loi, écrit-il, un premier pas, peut nous offrir liberté et dignité. Merci."
"J’ai réussi à bien vivre, je n’ai pas envie de mal mourir, écrit l’ancien journaliste et ancien patron des sports à Canal Plus puis à France Télévision. La maladie de Charcot m’a déjà privé de l’usage des jambes et de la parole. Bientôt ce sera la respiration accompagnée de souffrances pour moi et les miens. Cette loi, un premier pas, peut nous offrir liberté et dignité. Merci."
J’ai réussi à bien vivre,je n’ai pas envie de mal mourir. La maladie de Charcot m’a déja privé de l’usage des jambes et de la parole.Bientôt ce sera la respiration accompagnée de souffrances pour moi et les miens.Cette loi,un premier pas, peut nous offrir liberté et dignité.Merci
— Charles Bietry (@charlesbietry) March 10, 2024
En avril 2023, le Breton avait annoncé dans le journal L’Équipe qu’il souffrait de la maladie de Charcot et qu’il avait planifié sa fin de vie. "Je ne veux pas être branché sur une machine pour respirer alors qu’il n’y a plus rien, plus d’avenir. Je ne veux pas souffrir et surtout faire souffrir ma famille", confiait-il alors.
"Quand cela n'ira plus, je veux arrêter"
La sclérose latérale amyotrophique ou maladie de Charcot touche les neurones moteurs (cellules nerveuses qui commandent les mouvements volontaires). Ces cellules dégénèrent progressivement sans que l’on ne connaisse encore aujourd’hui les mécanismes. En quelques années, la maladie neurodégénérative évolue vers une paralysie complète. L’espérance de vie ne dépasse pas cinq ans. 1.000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année en France. La maladie 7 000 personnes dans notre pays.
"Les étapes, je les connais : membre inférieur, membre supérieur, gorge et larynx… J’en suis là. Ensuite, tu passes aux étapes de col de première catégorie avec la difficulté, voire l’impossibilité, d’avaler. (…) L’étape d’après, c’est l’attaque des poumons. Pour le moment ça va, mais je la guette. Et quand cela n’ira plus, je veux arrêter" insistait Charles Bietry.
Une aide active à mourir
Le projet de loi sur l’aide active à mourir, dévoilé par le président de la République, concernera uniquement les personnes majeures, à condition qu'elles soient "capables d'un discernement plein et entier", atteintes d'une pathologie "incurable" avec "pronostic vital engagé à court ou moyen terme", et subissant des souffrances "réfractaires" que l'on ne peut soulager.
Si un patient souhaite accéder à cette nouvelle "aide", il pourra en formuler la demande et recevra l'avis "collégial" de l'équipe médicale sous quinze jours.
Je souhaite qu’avant 2027 nous ayons adopté une #législation sur l’aide active à mourir en France. Nous devons donner à chaque citoyen la liberté de choix sur la #findevie. #Le79Inter pic.twitter.com/Y5VYJOYcWs
— Yaël Braun-Pivet (@YaelBRAUNPIVET) March 6, 2024
En cas d'avis favorable, il lui sera délivré une prescription, valable pendant trois mois, d'un produit létal qu'il pourra absorber seul, ou, s’il est dans l'incapacité de le faire, avec l'assistance d'un membre du corps médical ou d'une personne volontaire qu'il aura désigné.
"Partir en Suisse, c'est monter à l'échafaud"
Au printemps dernier, dans son interview au journal L’Équipe, le journaliste annonçait avoir planifié sa fin de vie et regrettait d’être contraint d’envisager un départ vers la Suisse. "Pour le coup, c’est monter à l’échafaud et, arrivé là-bas, tu dois prendre toi-même le dernier cachet. Ce geste-là, c’est facile de dire “Je vais le faire” quand je suis au bord de la mer à Carnac. Quand on te tend le cachet en te disant que, deux minutes après, tu seras mort, ce n’est pas si simple."
Le projet de loi sera présenté à l’Assemblée nationale le 27 mai prochain a annoncé ce 11 mars le Premier ministre.
Charles Bietry termine son message par un sobre mais vibrant "Merci." "Je ne veux pas que ma femme vienne tous les jours à l’hôpital pour voir une momie avec des tubes, qui n’aura pas un mot pour elle. Je veux bien mourir mais je ne veux pas mal mourir."