Bernard Rio et Jean-Claude Meslé sont les auteurs de "Cimetières et autres lieux de mémoire en Bretagne". Au fil des pages et des photographies se dessine l'histoire de la région, des rapports entre les vivants et leurs défunts.
"Cimetières autres lieux de mémoire en Bretagne" vient de paraître. Bernard Rio et le photographe Jean-Claude Meslé ont arpenté la région et font découvrir aux lecteurs tout un pan patrimonial et ésotérique de ces endroits.
La mort c'est un des sujets de prédilection de Bernard Rio. "C'est un sujet que je traite depuis longtemps, j'avais déjà écrit un ouvrage en 2013 'Voyage dans l'au-delà, les Bretons et la mort'. Cette fois j'ai décidé de travailler sur les lieux, plus que sur les rites".
500 cimetières, des lieux et des atmosphères différentes
Parmi les spécificités des cimetières bretons, Bernard Rio évoque d'emblée leur fréquentation. "Ici, ils ne sont jamais laissés à l'abandon, les sépultures ne sont pas livrées à elles-mêmes. Ils sont fréquentés toute l'année".
Autre particularité, plus ancienne mais encore visible dans certains endroits, leur place dans les communes. "Ils se trouvaient dans le bourg, autour de l'église. Dans l'enclos paroissial on avait l'ossuaire, le cimetière. Quand on allait à la messe on passait par là. Les morts se trouvaient au milieu du village". A Lampaul-Guimiliau ou à Lanrivain, ce patrimoine est encore présent.
Se promener dans un cimetière, c'est se promener dans l'histoire
Cimetières marins et de marins
L'histoire maritime de la Bretagne s'exprime dans les cimetières. "Il y a beaucoup de cimetières marins, en bord de mer, avec les chapelles" explique t-il, comme "Saint-Michel-en Grève, Saint-Suliac, Landevennec".
Il rappelle que marins et pêcheurs disparaissaient en mer. Les proches récupéraient rarement les dépouilles et il fallait trouver un moyen de se recueillir. "A Ouessant, on mettait une petite croix en cire dans un monument funéraire. Même si le rituel a disparu depuis 40 ans, le monument est encore là". A Ploubazlanec, le mur des disparus permet aussi de se souvenir.
Célébrités et anonymes
Dans la région, il existe des tombes hors des cimetières, une centaine de dispersées, souvent anonymes. Cela veut dire que les défunts n'ont pas reçu les derniers sacrements et n'ont pas eu droit à une messe. "Ce sont en majorité des personnes assassinées, principalement pendant la Révolution française", souligne Bernard Rio. Reste que la population leur rend hommage, "une dévotion s'installe, avec des croyances populaires autour des miracles".
Bernard Rio cite l'exemple de Quistinic et de la tombe des trois séminaristes ou encore le chêne Bé-er-Sant dans la forêt de Camor. Ici on retrouve des paires de chaussure suspendues par ceux qui ont besoin d'aide pour marcher. "Aujourd'hui ce sont les randonneurs qui se sont appropriés l'endroit", sourit-il.
Les cimetières bretons accueillent des personnalités. Au cimetière de Douarnenez reposent l'écrivain Georges Perros et le comédien Noël Roquevert vu dans "L'auberge rouge".
La tombe de l'écrivain François-René de Chateaubriand, elle, se dresse à Saint-Malo. "Il avait demandé à être enterré là, avait obtenu l'autorisation à la mairie pour acheter un bout de parcelle face à la mer. Lorsqu'il est mort, tout était prêt. Il n'y a aucune inscription sur sa tombe parce qu'il ne le souhaitait pas mais tout le monde sait que c'est lui".
Saint-Anne d'Auray, à la mémoire des militaires
Les guerres ont marqué le territoire. Saint-Anne d'Auray abrite une nécropole nationale qui réunit plus de 2000 soldats français et étrangers morts dans la région. "Il y a des des volontaires de l'Ouest de la guerre de 1870 ce qui est unique dans la région. Des soldats de la Grande Guerre, de la Seconde guerre mondiale, d'Indochine ou encore d'Algérie".
"Cimetières et autres lieux de mémoire en Bretagne" aux éditions Ouest France 29,90 €