Pour les pêcheurs, qu'ils soient Bretons, Normands ou Boulonnais ou encore Belges, Néerlandais ou Espagnols, l'incertitude qui pèse sur les négociations d'un accord commercial post-Brexit entre Bruxelles et Londres, commence à peser lourd.
Mme Von Der Leyen et M. Johnson avaient accordé samedi deux jours supplémentaires à leurs négociateurs respectifs pour tenter de trouver une issue. Lors d'un point sur les pourparlers lundi matin avec des eurodéputés, le négociateur européen Michel Barnier avait estimé qu'une décision sur la possibilité de conclure ou non un accord devait être prise d'ici mercredi, à la veille d'un sommet européen des Vingt-Sept. Mais rien n'a avancé depuis.
Le Brexit à l'ordre du jour du sommet européen ce jeudi
Une visioconférence avait aussi eu lieu entre Mme von der Leyen, le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel et le président du Conseil européen Charles Michel, officiellement pour préparer le sommet européen de ce jeudi.
Le Brexit fait effectivement partie des sujets chauds, à J-20 du point de rupture.
Prolongations jusqu'à dimanche
Après une première journée de discussions dimanche dernier, achevée dans la nuit, Michel Barnier et son homologue britannique David Frost avaient repris lundi leurs échanges à Bruxelles. Lors d'une rencontre au petit matin avec les ambassadeurs des Vingt-Sept, Michel Barnier n'avait pas caché l'absence de progrès sur les trois principaux points de blocage, toujours les mêmes:
- la pêche
- les conditions de concurrence équitable
- le futur mécanisme de règlement des conflits
Le décompte a commencé
Les négociateurs travaillent sous la pression inexorable du calendrier puisqu'un éventuel accord commercial - de plus de 700 pages - devrait encore être ratifié par les parlements britannique et européen avant de pouvoir entrer en vigueur le 1er janvier 2021.
Cela devient de plus en plus acrobatique (...) Ca va devenir intenable dans les jours qui viennent","Si les esprits ne sont pas prêts, revoyons-nous l'an prochain
Un porte-parole de Boris Johnson a cependant rejeté l'éventualité de continuer à négocier en 2021. Il faut aussi compter avec l'extrême vigilance des États membres qui espèrent un accord, mais s'inquiètent de concessions trop importantes aux Britanniques, certains, comme la France, menaçant d'un veto un accord qui sacrifierait ses pêcheurs.
Nous saurons dire non s’il faut dire non !
Faute d'accord : le retour aux règles de l'OMC
L'accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques, reste le sujet hypersensible pour certains états membres, France et Pays-Bas.
En France, c'est la pêche hauturière ( Mer celtique et Ouest Écosse ) qui a le plus à perdre: Boulogne-sur-mer, Lorient et Le Guilvinec en feraient les frais.
Sur les conditions de concurrence équitable, destinées à garantir une convergence en matière d'aides publiques, de normes sociales ou environnementales, la difficulté est de trouver un système qui respecte la souveraineté retrouvée de Londres tout en protégeant les intérêts européens.
Faute d'accord au 31 décembre, le Royaume-Uni sortira du marché unique et de l'union douanière. Les échanges entre Londres et l'UE se feront alors, dès le 1er janvier, selon les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Droits de douane ou quotas seraient un nouveau choc pour des économies déjà fragilisées par le coronavirus.