Climat. La Fondation Tara Océan dévoile sa nouvelle station arctique. Elle va dériver pendant 20 ans sur la banquise

La Fondation Tara Océan repart en Arctique. Mais, cette fois, c'est à bord d'une base polaire dérivante qu'elle va réaliser une mission d'observation des effets du changement climatique au pôle Nord pendant les 20 prochaines années. La Tara Polar Station sera opérationnelle à l'horizon 2025.

"C'est le début d'une nouvelle et passionnante histoire". C'est ainsi que le directeur général de la Fondation Tara Océan a débuté, ce mardi, la présentation de la future base arctique dérivante baptisée Tara Polar station.

Elle sera opérationnelle dès 2025. "C'est une aventure qui va durer 20 ans, annonce Romain Troublé. Le bateau dans la glace sera déployé à plusieurs reprises entre 2025 et 2045, date prévue où le changement climatique en Arctique aura fait fondre une grosse partie de la glace chaque été".

 L'Arctique, "sentinelle du changement climatique"

L'homme, qui dit avoir passé "tout [son] temps libre sur ce projet depuis cinq ans", ne cache pas son émotion de le voir concrétisé. Ce laboratoire scientifique dérivant pourra accueillir jusqu'à vingt membres d'équipage en été et douze en hiver, pour des dérives de 500 jours au milieu des glaces de l'Arctique.

Ils auront pour mission de saisir les impacts du réchauffement de la planète sur le pôle Nord. "L'Arctique, explique Romain Troublé, c'est une sentinelle du changement climatique qui se passe trois fois plus vite là-bas qu'ailleurs".

"Essentiellement gelé toute l'année", l'océan Arctique "va être dégelé en été, avec tous les changements que ça implique sur la biologie, sur la chimie atmosphérique, sur la météorologie" alerte Gerhard Krinner, climatologue spécialiste des pôles et membre du groupe d'experts climat de l'ONU (GIEC).

Comprendre comment l'écosystème s'adapte pour saisir ce qui se passera chez nous, "témoigner avec des faits car il y a urgence à le faire", c'est en substance ce que cette station polaire va s'employer à réaliser au cours des vingt prochaines années.

Le retour de Tara dans cette zone du globe, 15 ans après l'expédition de 17 mois de sa goélette qui avait elle aussi dérivé sur la banquise, part de l'idée qu'il existe peu de "données scientifiques sur l'Arctique. La goélette avait mesuré, à l'époque, la physique et le climat, souligne Romain Troublé, mais on ne connaît pas l'écosystème de l'Arctique. C'est pourtant moins loin que la Lune ou Mars. On s'est dit qu'il fallait y retourner mais sur la longueur".

"Vigie du pôle Nord"

Le bateau, de forme ovale, est encore à l'état de maquette. Cette Polar station, de 26 mètres sur 14, sera propulsée par de l'énergie décarbonée et servira de "vigie du pôle Nord". Elle est conçue pour supporter des températures de moins 52 degrés. Et passera 90 % de son temps bloquée dans la glace. 

Le coût de conception de cette base dérivante s'élève à 18 millions d'euros, un budget "déjà complété" affirme Romain Troublé. L'État y participe à hauteur de 13 millions d'euros, provenant des 700 millions d'euros de la stratégie polaire de la France, selon l'ambassadeur pour les pôles et les enjeux maritimes Olivier Poivre-d'Arvor.

Des scientifiques russes devaient initialement prendre part à la mission, mais "les collaborations ont été gelées" en raison de l'invasion de l'Ukraine. Les travaux avec le Conseil de l'Arctique ont également été suspendus, indique Olivier Poivre-d'Arvor, la Russie ayant la présidence jusqu'en 2023.

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