On le sait tous… il faut bouger ! Mais ce n’est pas si facile de s’y mettre ou de s’y remettre quand on a laissé longtemps ses baskets dans le placard. Pour nous aider, des maisons sport santé voient le jour… Visite de celle de Lorient.
Et un, deux, trois, quatre" Chronomètre à la main, Maëlla encourage Anick de la voix, en 30 secondes, il faut qu’elle se lève et se rassoit sur la chaise. Elle arrive à14 ! L’enseignante en activité physique adaptée applaudit ! En quelques mois, Anick a fait des progrès incroyables.
Anick et Jean Pierre ont fait partie des premiers inscrits à la Maison Sport Santé de Lorient. Cette dernière a ouvert ses portes le 1er septembre 2019. Ils sont arrivés en octobre. Jean-Pierre venait d’apprendre qu’il souffrait de la maladie de Parkinson. Il savait que le sport pouvait l’aider mais il s’était éloigné des terrains de foot depuis 25 ans.
Les maisons sport santé ont été créées pour aider à débuter ou à reprendre une activité physique et sportive.
La chaise tue
"Plus j’ai mal, moins je bouge et moins je bouge, plus j’ai mal." C’est une espèce de cercle vicieux que les maisons sport santé ont décidé de briser. La maison sport santé de Lorient touche l’hôpital et bénéficie de son aide.
Selon l’organisation mondiale de la santé, la sédentarité est la cause de 3,2 millions de décès par an et l’inactivité cause de 5% des cardiopathies coronariennes, 7% des diabètes de type 2. Mais aujourd’hui, nous passons tous l’essentiel de nos journées assis à un bureau derrière un ordinateur, et l’essentiel de nos soirées dans un canapé devant la télé.
"On a voulu se protéger, s’économiser, raconte Sophie Cha, médecin conseillère à la direction régionale de la jeunesse et des sports, on a tout motorisé, électrifié, électrisé, on a des ascenseurs, des escalators, mais le corps humain est fait pour dépenser de l’énergie, faire fonctionner les muscles."
Aujourd’hui, l’inactivité tue 10 fois plus que les accidents de la route. Les médecins considèrent que la sédentarité favorise 35 maladies chroniques.
Un parcours sportif adapté
Tout commence par un premier rendez-vous, Maëlla, enseignante en Activité Physique Adapté, reçoit les personnes dans son bureau pour discuter puis très vitre, elle les accompagne dans la pièce voisine aménagée en salle de sports pour faire un petit bilan. Ensuite, les séances commencent. Toujours adaptées aux capacités, à l’âge, l’état de santé des participants.
"Ce n’est pas difficile parce que c’est très progressif", constate Jean Pierre. Quelques mois, plus tard, ils en sont eux à leur nouveau bilan. "Penchez-vous et essayez de toucher le sol avec vos doigts." Maëlla mesure et se félicite des progrès accomplis par Anick et Jean Pierre. Il restait 14 cm entre le bout de leurs doigts et le sol… il n’y en a plus que 7 !
En quelques mois, ils ont gagné du souffle, de la souplesse, de l’endurance, et surtout de la confiance ! Encore quelques séances et Jean Pierre pourra s’inscrire dans un club de ping-pong adapté, pendant qu’Annick fera du pilates. Maëlla sera là pour encourager les premiers échanges de balles et les exercices.
"Les personnes que nous accompagnons souffrent parfois de maladies, de blessures et ont besoin d’être rassurées", explique Fanny Voisin, médecin coordinatrice de la maison Sport santé. Elles veulent être sûres de ne pas se faire plus de mal que de bien en faisant du sport. Alors on est là" "Et quand nos participants vont faire leurs premiers pas en club, c’est pareil, pour être sereins, ils ont besoin de savoir qu’ils seront bien encadrés !", ajoute Maëlla Guigourès.
Car les bienfaits du sport sont aujourd’hui mesurés ! Chez les personnes âgées, l’activité permet de retarder de 7 à 10 ans la perte d’autonomie, de diminuer de 22% le risque de chute chez les plus de 65 ans et de faire reculer la mortalité de 3 ans en moyenne.
Et bonne nouvelle, il n’est jamais trop tard pour commencer ! A 60, 70 ou 80 ans, il y a toujours un bénéfice à bouger. Alors, Maëlla met un vieux tube des années 80, Eurythmics démarre "Sweet dreams are made of this", le ballon de baudruche passe des mains de Jean-Pierre à celles d’Anick, ils ont le sourire.
En un an, malgré la crise sanitaire, la maison sport santé de Lorient a permis à 200 personnes de reprendre une activité physique, d’être bien dans leurs corps, dans leurs têtes, d’aller mieux.
Aujourd’hui, il existe cinq maisons sport santé labellisées en Bretagne, 138 en France. L’objectif est d’en avoir 500 en 2022, pour réussir à faire bouger 3 millions de personnes supplémentaires.