La célèbre goélette Tara, s'apprête à quitter ce samedi à 16h les quais de la Cité de la voile à Lorient, son port d'attache. Un nouveau départ pour une mission scientifique de deux ans, l'étude du microbiome des océans, cet immense peuple invisible.
Ce samedi, 12 décembre à 16h, la goélette Tara larguera les amarres du port de Lorient pour pour une nouvelle mission scientifique. Cap sur l’Amérique du Sud cette fois, pour les chercheurs de la Fondation Tara Océan, chargés de l’étude du microbiome marin, c'est à dire tous les organismes plus petits qu'un millimètre, essentiellement unicellulaires les, les virus, les bactéries, le plancton. Il s'agit d'étudier leurs interactions et surtout d'évaluer la sensibilité de ce microbiome des océans au réchauffement climatique et à la pollution.
Tara, bateau-laboratoire, va parcourir 70 000 kilomètres en Atlantique Sud, le long des côtes sud-américaines et africaines, jusqu’en Antarctique, avec 21 escales programmées.
Derniers préparatifs pour @TaraOcean_ qui quittera le port de #Lorient cet après-midi. Au programme: une expédition de 2 ans pour étudier le microbiome des océans. Rendez vous à 12h et 19h sur @france3Bretagne pic.twitter.com/XPGX7ygpEX
— Isa Rettig (@isa_rettig) December 12, 2020
L'étude du microbiome marin
Colomban de Vargas, co-directeur scientifique de la mission, chercheur au CNRS à la station biologique de Roscoff, explique l'intérêt de l'étude de ce microbiome. Invisibles à l'oeil nu, ces créatures représentent plus des deux tiers de la biomasse des océans, soit quatre fois plus que la biomasse cumulée de tous les insectes sur Terre. Ces organismes marins "captent notamment le dioxyde de carbone atmosphérique à l’échelle planétaire et produisent en retour l’oxygène que nous respirons chaque jour. Rouage essentiel de la grande machine climatique, le fonctionnement de ce monde invisible reste pour l’heure encore largement méconnu".
Un départ en plein confinement
Un départ un peu particulier cette fois, en plein confinement, ce qui complique grandemant l'organisation de cette nouvelle expédition. L'équipage est confiné à bord de Tara depuis une semaine, après des tests PCR et sérologiques. Ce sont d'autres membres de l'équipe qui assurent toutes les livraisons sur le quai, pour l'approvisionnement du bateau. Un aspect très frustrant note le capitaine du bateau, qui ajoute que les adieux aux proches également ne pourront se faire qu'à distance. Et puis une pandémie, qui en l'état actuelle de la situation sanitaire mondiale, pourrait les empêcher de débarquer aux différentes escales prévues, au cap Vert et au Chili pour les premières d'entre elles.
L’équipage de @TaraOcean_ vit confiné à bord depuis une semaine #lorient pic.twitter.com/YQDDnCGnhi
— Isa Rettig (@isa_rettig) December 12, 2020
Un parcours dont Martin Hertau, capitaine de Tara et huit années de missions à son actif, rappelle l'intérêt, entre zones tropicales, très chaudes et celles du grand sud, très froides, avec les côtes de l'Afrique encore. Des destinations très variées.
Après le Chili, la goélette longera l'Amérique du Sud jusqu'au canal de Panama, transitera par les Antilles françaises, redescendra le long de l'Amazonie, de l'Argentine, puis mettra le cap sur la mer de Weddell, en Antarctique. Ce sera l'occasion d'étudier le panache du fleuve Amazone, qui "est en train de changer ses caractéristiques à cause de la déforestation et des mines", a précisé Daniele Iudicone, co-directeur de la mission. Ou encore de prélever des échantillons autour d'un iceberg alors qu'ils "s'effondrent de plus en plus à cause du changement climatique".
De l'Antarctique, la goélette remontera en Afrique du Sud, en mars 2022, puis longera le continent africain, avec plusieurs escales, avant de rejoindre Lisbonne en septembre 2022 et de rentrer en France. Tara étudiera aussi les remontées d'eaux profondes, phénomène qui enrichit les zones en nutriments, au Chili, au Sénégal et en Namibie.
La visite de l'intérieur de la goélette Tara en compagnie de son capitaine Martin Hertau
Quinze marins et 80 chercheurs se relaieront à bord, avec 42 institutions scientifiques impliquées dans 13 pays, dont la France, le Chili, le Brésil, l'Italie ou l'Afrique du Sud.
Après Tara Océans, Tara Pacific et Tara Microplastiques notamment, Tara Microbiomes est la 12e mission depuis le lancement, en 2003, de ces expéditions par Etienne Bourgois et Agnès b., qui rachetèrent le voilier construit à l'initiative du médecin et explorateur Jean-Louis Etienne.