L'activité économique du port de pêche de Lorient Keroman a chuté en 2020. Résultat : le premier port breton n'occupe plus la première place au niveau national. Crise sanitaire, confinements, tempêtes et Brexit, les raisons sont multiples, mais son président Olivier Le Nézet veut aller de l'avant.
"En quatre jours, tout s'est écroulé !" En repensant à la situation dans laquelle la France a soudain été plongée en mars 2020, Olivier Le Nézet ne mâche pas ses mots. Après des jours de météo difficile, tout le monde s'est tout à coup retrouvé confiné, les magasins fermés du jour au lendemain.
En l'espace de quatre jours, toute la flotte hauturière française était le long du quai. Tous les marchés se sont écroulés. On a réussi à se maintenir à Lorient, mais pour beaucoup de ports, cela a été catastrophique !"
Lorient : toujours 1er port breton, mais 2ème français
Les chiffres sont là pour en témoigner : 17.898 tonnes de poissons vendus en 2020 contre 22.273 l'année précédente : le port de Lorient Keroman a enregistré un baisse d'activité de presque 20%.
"2020 ne sera sans doute pas une année à retenir" relativise Olivier Le Nézet, le nouveau président de la société d'économie mixte (SEM) Lorient Keroman qui exploite le port de pêche. Le chiffre d'affaires du port halieutique est passé de 77 à 64 millions d'euros en un an.
Bilan 2020 et perspectives 2021 du Port de Lorient Keroman
En tonnage comme en valeur, la pêche au large accuse en 2020, un net recul. Résultat, sur le podium des ports de pêche français, Lorient passe derrière Boulogne-sur-Mer et ses 27.859 tonnes vendues à la criée l'an passé.
A l'échelle de la Bretagne en revanche, c'est toujours le port de Keroman le premier, devant Le Guilvinec (13.338 tonnes pour 53,71 millions d'euros).
Une place, que Lorient Keroman doit notamment à la variété de son armement :
La pêche côtière ne s'est pas arrêtée, la pêche hauturière non plus ! On a réussi à se maintenir à Lorient parce que les pêcheurs mais aussi les acheteurs ont été au rendez-vous pour continuer à proposer de la matière première locale de qualité, produits locaux que les consommateurs ont su apprécier !"
"Mangez local !" Un message dont on retrouve les effets dans les bons chiffres de la pêche côtière lorientaise qui enregistre en 2020, une hausse de 3,71% en volume, pour un chiffre d'affaires proche de 28 millions d'euros.
"Le Brexit : la double peine"
A ce contexte économique et sanitaire, c'est ensuite ajouté en fin d'année, le Brexit : "la double peine" selon Olivier Le Nézet. Selon lui, le pire a été évité, autrement dit, un non accord avec le Royaume-Uni, qui aurait été "un saut dans le vide, dans l'inconnu" mais l'accord trouvé est loin d'être simple, à l'image des licences d'accès dans les eaux de Jersey par exemple...
On est dans le dur. Un de nos problèmes, c'est de ramener les produits de nos bateaux qui naviguent Nord Ecosse et Ouest Irlande, par la terre. C'est ce qu'on appelle les poissons à roulettes... On se retrouve face à des problématiques douanières et sanitaires qui nous prennent beaucoup de temps et d'argent !
Des coûts de transport supplémentaires pour une filière halieutique qui navigue à vue. "On est dans la crainte perpétuelle, mais on est combatif !" rétorque Olivier Le Nézet qui demande de la simplification administrative.
Pour le transport de poissons mais aussi pour la relève des équipages : "un véritable casse-tête, difficile à vivre pour les marins qui voient de moins en moins leurs familles."
2021 en eaux troubles
Un plan de relance a été mis en place à l'échelle communautaire et française, mais pour le président de la SEM Lorient Keroman, le compte n'y est pas.
"Déjà, on raisonne au niveau communautaire par pays ! Quand on connaît un peu la pêche, on sait que c'est par région qu'il faut travailler." Quant au montant du plan de relance maritime français :
50 millions d'euros pour la pêche, c'est juste une incohérence totale par rapport au poids de l'économie maritime globale ! 50 millions c'est juste une blague ! Il y a un vrai souci..."