Mort de Jane Birkin. En 1978, elle était la marraine du bateau de Riguidel sur la Route du Rhum

"Elle était d'une gentillesse et d'une simplicité extraordinaires. Pour moi, c'est un grand choc." Dans le Morbihan, le navigateur Eugène Riguidel fait part de sa très grande tristesse après la disparition de Jane Birkin. En 1978, la chanteuse avait été la marraine de son bateau au départ de la Route du Rhum. Et des liens d'amitié s'étaient tissés.

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"C'est une triste nouvelle. Pour tout le monde, ses proches, ses admirateurs, pour la chanson française. Et puis pour moi qui aie eu le privilège de la rencontrer, de la côtoyer, c'est un grand choc..."

Voilà les premiers mots d'Eugène Riguidel après la disparition de Jane Birkin. Le navigateur breton avait rencontré la chanteuse en 1978, quand elle était devenue la marraine de son bateau VSD pour le départ de la route du Rhum.

LIRE : Mort de Jane Birkin. La Bretagne était son refuge

 "Mon père était marin, c'est normal d'être là"

Ce jour-là, sur les pontons à Saint-Malo, aux côtés du skipper fumant sa cigarette, Jane Birkin se disait à la fois "heureuse, mais inquiète."

"C'est normal d'être là. Mon père était marin. Et pendant la guerre, il venait beaucoup en Bretagne, il y a beaucoup d'amis ici. J'espère qu'Eugène va gagner, mais c'est la sécurité qui me fait peur. Le bateau m'a l'air tellement léger. Mais c'est très romantique, les bateaux qui partent à l'aventure."

Jane Birkin

Départ de la Route du Rhum 1978

 "Le pantalon de mon singe en peluche"

"Si Birkin est devenue la marraine du bateau de mon bateau, raconte aujourd'hui Riguidel, c'est grâce à Jacques Caillard, un copain breton qui était aussi directeur chez Phonogram". 

"Elle est venue d'abord à Lorient pour le baptême du bateau, et avec Serge et ses enfants à Saint-Malo pour le départ. Ils sont montés à bord. Tous les deux étaient des monstres sacrés de la chanson, mais d'une simplicité et d'une gentillesse incroyable. C'était extraordinaire. Je me souviens très bien de ces moments, Et je me souviens aussi que quelques heures après le départ, je me suis fait abordé par un ferry" ajoute Riguidel en souriant.

Jane Birkin aussi se souvenait de cette journée sur les pontons de la cité corsaire. Dans une interview réalisée en 2017, elle nous racontait comment, après avoir tout juste quitté le quai, elle avait appris l'accident et s'était inquiétée pour Riguidel.

"Quand on est rentré à l'hôtel avec Serge, on a entendu que Riguidel était rentré dans un ferry-boat. Mais pour la traversée, je lui avais donné le pantalon de mon singe en peluche, que je prêtais à toutes les personnes que j'aimais, et pour qui je craignais. Alors en principe, il était sauvé."

Jane Birkin

 

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Jane Birkin, marraine du bateau de Riguidel en 78 ©G.Le Morvan/T.Bouilly/FTV

 

Des repas à Paris et la genèse de "Manureva"

Si après sa collision avec le ferry, Riguidel avait repris la course, la Route du Rhum s'était tout de même mal terminée pour le skipper morbihannais, qui s'était  échoué sur les récifs de Barbuda

Mais l'histoire avec Jane et Serge ne s'est pas arrêtée là. Tous les trois se sont ensuite revus régulièrement. Et c'est à cette amitié que la chanson française doit sans doute l'une de ses plus belles chansons : Manureva.

LIRE : Manureva : la chanson d'Alain Chamfort qui lie Serge Gainsbourg à la Bretagne

"Quelques semaines après la fin de la transat, en janvier 79 je crois, raconte Riguidel, on s'est retrouvés pour une petite bouffe à Paris et on est allés boire un coup... Serge m'a questionné sur l'histoire d'Alain Colas qui avait disparu en mer pendant la course. On a parlé d'Alain, des recherches, de son bateau."

"Et puis quelques semaines ou quelques mois plus tard, alors que j'étais revenu à Paris, il m'a emmené boire un verre à l'Elysée-Matignon. Il était avec Alain Chamfort, et il avait apporté un disque, un "souple", qu'il a donné au type de la sono pour qu'il le mette sur la platine. Et les gens se sont mis à danser. C'était "Manureva", la chanson en hommage à Alain Colas, qu'il avait réécrite pour Chamfort. Et qui est devenu un tube."  

 "Avec Jane, on s'est revus pour la dernière fois il y a 2 ans"

Et puis le temps a passé. Gainsbourg est mort, et avec Jane au fil des ans, reconnaît Riguidel, "on s'est un peu perdus de vue. Je n'allais plus à Paris, et je n'ai pas eu l'occasion de la croiser chez elle dans le Finistère. Mais quand elle est venue chanter il y a 2 ans à Vannes, j'y suis allé.

"Après le concert, on est restés bavarder tous les deux, de tout, de rien, de nos souvenirs et de la vie en général. C'était quelqu'un de très attachant. Aujourd'hui, j'ai beaucoup de peine, termine Eugène Riguidel. Je suis très touché par sa disparition. Et la Bretagne perd aussi l'une de ses plus belles ambassadrices"

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