"On prend en charge les victimes de violences, et on n'est pas assez nombreuses", les infirmières en médecine légale en mal de reconnaissance

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Maëlle Guyomard, infirmière en médecine légale
À Lorient, Maëlle Guyomard organise un colloque pour faire découvrir le métier d'infirmière en médecine légale, et la prise en charge des victimes de violences ©N.Corbard/ S.Izad/FTV

Les séries télé sont passées par là. Quand on évoque la médecine légale, on pense souvent aux morts, aux autopsies. "Mais l'essentiel de notre travail, c'est avec des vivants, des victimes de violences qui ont besoin d'être prises en charge", rectifie Maëlle Guyomard, de l'Unité médico-judiciaire de Lorient. L'infirmière organise un colloque pour faire connaître et développer sa spécialité

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Maëlle Guyomard travaille à l'Unité Médico Judiciaire de Lorient.

L'infirmière, qui avait commencé par un parcours classique, a bifurqué vers la médecine légale après avoir découvert cette spécialité au CHU de Rouen.

"C'est passionnant, dit-elle. Loin des clichés, on travaille avant tout sur du vivant, c'est 80% de notre activité. On prend en charge les victimes de violences. Mais en France, on est trop peu nombreuses, seulement une grosse centaine, une poignée en Bretagne. Il faut absolument développer cette spécialité." 

Violences conjugales, agressions sexuelles, accidents, morsures de chiens

À Lorient, dans le cadre de procédures judiciaires après une plainte, un signalement, l’UMJ reçoit toutes sortes de victimes de violences. 

"Le spectre est large, indique Maëlle Guyomard, on accueille des victimes d'agressions sexuelles, de violences conjugales, intrafamiliales, mais aussi d'accidents de la route, voire de morsures de chien"

Comptez près de 3000 consultations par an. Les victimes, souvent des femmes, vont être examinées par un médecin légiste. Mais d'abord, c'est l'infirmière qui prend en charge. 

"On l'accueille, on lui explique ce qu’elle fait là, on lui traduit le vocabulaire judiciaire, qu’est-ce qu'une réquisition par exemple ? On essaie de la rendre sereine avant sa consultation. Ensuite, on accompagne aussi le médecin pour certains actes, des prélèvements ADN, des photos médico-légales... On gère aussi les scellés judiciaires".

Avec les victimes, écoute, bienveillance, orientation 

Cette complémentarité est essentielle, souligne Benoît Suply, le responsable de médecine légale à l’UMJ de Bretagne sud

"Nous, les médecins légistes, nous avons un statut bien spécifique. Requis par les autorités judiciaires pour rédiger les certificats médicaux, on se doit une certaine distance, une objectivité vis-à-vis de la victime. Ce qu’attend de nous la justice, c’est une évaluation, une expertise, sans prise de partie".

"Avant, après, l’infirmière peut en revanche être dans la bienveillance, la compassion, l’accompagnement, l’orientation. Elle joue le rôle d’interface. C’est capital, et il faut que cette spécialité se développe, nous en avons besoin. On observe une augmentation très importante du nombre de consultations chaque année, je ne pense pas qu’il y ait forcément plus de violences, mais plus de victimes se déclarent. Et nous devons faire face."

Un colloque pour développer la profession

Le premier Colloque francophone des infirmiers en médecine légale, organisé ce 20 septembre à Lorient, a donc cet objectif : promouvoir la profession.

"Il y aura des infirmières, des médecins, des cadres de santé", explique Maëlle Guyomard. "Ce que nous souhaitons, c’est que cette spécificité soit mieux reconnue, développée, ce qui permettrait d’assurer toujours aux victimes une prise en charge par des gens bien formés. Aujourd’hui, une unité médico-judiciaire sur deux ne dispose pas d’infirmière en médecine légale."  

GLM avec N.Corbard

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