"Il me dit souvent que je suis l'esclave et lui le roi". Claques, coups, menaces de mort, 25 ans de violences envers sa femme et ses enfants

Le tribunal correctionnel de Rennes a condamné ce lundi 9 septembre 2024 un père de famille à cinq ans de prison ferme, avec maintien en détention à l'issue de son procès, pour les vingt-cinq années de violences et de menaces de mort qu'il avait fait subir à sa femme et ses cinq enfants, au gré de leurs déménagements de l'Île de la Réunion à la région de Rennes (Ille-et-Vilaine).

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Le tribunal correctionnel de Rennes a condamné ce lundi 9 septembre 2024 un père de famille à cinq ans de prison ferme, avec maintien en détention à l'issue de son procès, pour les vingt-cinq années de violences et de menaces de mort qu'il avait fait subir à sa femme et ses cinq enfants, au gré de leurs déménagements de l'île de la Réunion à la région de Rennes (Ille-et-Vilaine).

Dénonciation des violences familiales

Les trois enfants majeurs du prévenu avaient en fait poussé les portes de la gendarmerie le 2 juillet 2024 pour dénoncer la terreur que cet homme de 48 ans faisait régner depuis 2008, quand l'aîné avait encore 8 ans. Les enfants avaient ainsi décrit des "claques", des "coups" avec des chaussures, un ceinturon et des fourchettes, mais aussi des "menaces de mort" à l'aide d'une "machette de 56 cm" et d'une bombe lacrymogène qui trônait au milieu du domicile familial.

Tous étaient régulièrement menacés de se faire "couper la tête" et d'être tués : ils pouvaient vivre "trois à quatre" scènes de violence au cours d'une même journée, a-t-il été dit ce lundi au procès de leur père. Les "trois grands" étaient aussi "rackettés" : ils donnaient "500 à 600 € par mois" de leurs salaires d'apprentis à cet homme qui vivait du Revenu de solidarité active (RSA) pour financer sa consommation d'alcool ou de cannabis. On le voyait le plus souvent "les fesses sur le canapé", dans sa "salle de muscu" ou "au PMU". En Ille-et-Vilaine, la famille avait ainsi successivement vécu à La Mézière, Montgermont et Melesse, trois communes au nord de Rennes.

Un père condamné pour avoir voulu organiser via Telegram le viol de ses enfants (francetvinfo.fr)

Depuis le départ des aînés du domicile, sa femme - que personne n'avait "jamais vue" dans le quartier tant elle était "interdite du moindre mouvement" - et les deux derniers garçons - aujourd'hui âgés de 16 et 9 ans - avaient même été "briefés" sur ce qu'ils devraient dire "en cas de venue des gendarmes".

Autre enquête pour violences sexuelles

Le prévenu avait ainsi prévu "d'accuser son fils aîné de violences", quitte à "lui-même se casser le nez" pour corroborer sa défense. Lorsque les militaires avaient sonné chez eux, au début de l'été 2024, son épouse avait d'ailleurs dans un premier temps "refusé d'ouvrir" la porte - puisque son mari le lui interdisait.

À la vue des gendarmes, celle qu'il appelait "esclave" s'était tout bonnement "effondrée", a détaillé la présidente du tribunal : elle avait rapidement expliqué être privée de moyens de paiement et de ses papiers. Elle était aussi interdite de travailler et de sortir, sauf pour "les courses avec lui" et "même pour aller à la boîte aux lettres".

"Il me dit souvent que je suis l'esclave et lui le roi... Quand je ne veux pas le servir, il compte jusqu'à cinq et me dit qu'il va me foutre une claque dans la gueule", dira-t-elle aux enquêteurs. Dans son rapport, l'expert médico-légal parlera lui-même d'une situation "d'esclavagisme".

Depuis la naissance de sa petite-fille, la femme du prévenu n'avait jamais été autorisée à la rencontrer : elle l'avait simplement vue "une fois", en "cachette". Elle avait aussi décrit "des obligations sexuelles". Leur unique fille a également dénoncé des "violences sexuelles" à son encontre - une "enquête incidente" est en cours, a-t-il d'ailleurs été précisé. Les quatre garçons, eux, se faisaient aussi "toucher le sexe" par leur père, même "jeunes adultes", pour "vérifier l'hygiène"...

Il reconnaît les faits

En garde à vue, le prévenu se décrira pourtant comme "un homme aimant, qui fait des câlins et des compliments"... Jusqu'à l'ouverture de cette audience, ce lundi 9 septembre 2024, il n'avait ainsi jamais reconnu les faits qui lui étaient reprochés.

Pourtant, lorsque, après avoir détaillé chacun des "dix-neuf chefs de prévention", la présidente du tribunal lui a demandé s'il reconnaissait les faits, le prévenu a répondu "oui". "Je n'aurais jamais dit qu'il allait reconnaître les faits face à nous", a soufflé son aîné, le plus violenté pour avoir tenté de s'interposer.

"Je suis partagé entre le dégoût de cette violence et une profonde compassion", a réagi pour sa part Me Renaud de Lorgeril, l'avocat des parties civiles. "Vous devez avoir beaucoup souffert pour faire autant souffrir les gens qui sont autour de vous."

Au cours de son enfance, le prévenu a en effet lui-même subi "les violences de son père", et a vu sa sœur se "noyer" devant lui après avoir été "poussée par l'autre sœur". Il avait d'ailleurs "tenté de se suicider à l'âge de 10 ans", a plaidé son avocate, Me Franziska Mosimann. L'homme a finalement écopé de cinq ans de prison, avec maintien en détention, et s'est vu retirer son autorité parentale sur ses deux derniers fils. "La gravité des faits nécessite une sanction lourde", a expliqué la présidente.
SG/CB (Press Pepper)

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