Le tribunal correctionnel de Rennes a condamné ce mercredi 26 juin 2024 un père de famille de Chavagne (Ille-et-Vilaine) à 5 ans de prison ferme pour avoir proposé à des hommes de le regarder sur un site dédié pendant qu'il violerait ses deux enfants.
La "boucle" Telegram créée par ce père de famille s'appelait "Rencontres P". Ses membres : des pédophiles et un zoophile, habitant de Petit-Quevilly (Seine-Maritime) déjà condamné pour des infractions relatives à la détention, la consultation et la diffusion de contenus pédopornographiques et pour avoir eu des relations sexuelles avec son chien.
Il organise le viol de ses propres enfants
La police judiciaire française en avait trouvé la trace à la suite d'un "signalement" en mai 2020 indiquant que "deux utilisateurs de Skype" détenaient des images pédopornographiques. Les enquêteurs étaient ainsi remontés jusqu'à l'adresse IP du conjoint du prévenu, un père de famille de Chavagne (Ille-et-Vilaine).
La lettre "P" n'avait pourtant rien à voir avec le mot "pédophile", assure le père de famille de 41 ans, jugé pour association de malfaiteurs en vue de commettre un crime. Le crime en question étant d'organiser le viol de ses propres enfants, deux jeunes adolescents avec qui il avait peu de contacts et qui ont par ailleurs dénoncé des violences sexuelles.
Pédophile, violeur récidiviste
Le prévenu est déjà connu de la justice pour un autre crime : il a été condamné par la cour d'assises de Haute-Savoie en 2013 pour avoir agressé "une petite fille", et violé le fils de 12 ans de son demi-frère. Il était d'ailleurs toujours sous suivi sociojudiciaire au moment des faits.
Cette fois-ci, l'homme de 41 ans projetait de "louer une maison hors de la ville" avec son compagnon, rencontré via le site de rencontres Coco.fr, dont la fermeture a été prononcée ce mardi 25 juin 2024.
"Attirances respectives pour les enfants"
Ces deux-là avaient rapidement échangé sur "leurs attirances respectives pour les enfants" a-t-il été dit à l'audience. Le père de famille avait confié à son futur compagnon avoir eu "des relations" avec son fils aîné. Son compagnon rêvait aussi d'avoir "des relations sexuelles" avec l'adolescent, devant son père.
Ce week-end entre pédophiles était donc organisé pour qu'intervienne "le dépucelage" de ses enfants, pendant les vacances de Noël 2021.
Toutes d'anciennes victimes de sévices sexuels
Si tous les membres de la boucle Telegram n'ont pas pu être identifiés, l'un d'entre eux, un homme de 35 ans, a pour sa part été présenté devant la justice aux côtés du père de famille et de son ex-compagnon pour avoir détenu et échangé des fichiers pédopornographiques.
Comble de l'horreur, dans certaines conversations, il s'était vu proposer "des nourrissons". Son ordinateur contenait aussi des vidéos de rapports sexuels avec son animal de compagnie qui lui ont récemment valu une condamnation à six mois de prison avec sursis probatoire.
Lors de l'audience, les trois prévenus ont reconnu les faits. Ils ont en commun d'avoir subi des violences sexuelles dans leur enfance et sont tous trois décrits comme des hommes à l'intelligence limitée.
Partages de clichés de famille
Les enfants du prévenu - absents à l'audience mais représentés par Me Marie Kervennic - avaient pour leur part été "réveillés" par les enquêteurs au petit matin : ils avaient dû regarder des photos censées représenter leurs propres sexes et dire si c'était bien eux.
Leur père avait aussi partagé des clichés de famille pris lors d'une rencontre avec eux à Lyon avec son compagnon, alors que le père bénéficiait d'un droit de visite médiatisé. Ils souffrent aujourd'hui de grosses difficultés et leur avocate a dit son inquiétude quant au fait que "leurs visages" aient été mis à disposition, sur internet, de ces prédateurs sexuels.
"Une des 23.000 procédures judiciaires" en lien avec le site Coco
Cette affaire fait partie des "23.000 procédures judiciaires" en lien avec le site de rencontres Coco, a rappelé la procureure de la République, convaincue que l epère de famille avait bien commis "des actes préparatoires" pour "concrétiser" son "scénario".
Quant à l'habitant de Petit-Quevilly, il assure qu'il ne serait "évidemment passé à l'acte" mais "il avait un chien et est passé à l'acte sur son chien", a grincé la représentante du parquet de Rennes avant de solliciter la condamnation des trois comparses.
"Un double maléfique"
L'ancien compagnon du père de famille n'a pour sa part "jamais fait partie des groupes de discussions" mais il a lui aussi possédé et échangé des contenus. Après avoir évoqué son "double" maléfique, il a fini par "reconnaître les faits". Il vit désormais chez ses parents, à Campénéac (Morbihan), où il s'impose "un contrôle parental et un téléphone à clapet" pour ne pas céder à la tentation.
Au terme de six heures de débats, ce mardi 25 juin 2024, le tribunal correctionnel de Rennes a condamné le père de famille à cinq ans de prison ferme et à un suivi sociojudiciaire pendant 5 ans.
Son ancien compagnon a quant à lui été condamné à une peine de suivi sociojudiciaire pendant 5 ans et le zoophile de Petit-Quevilly - à deux ans de prison ferme. Les deux derniers sont ressortis libres du tribunal, contrairement au père de famille qui a été maintenu en détention et qui s'est vu retiré à titre définitif l'autorité parentale.