Le parquet de Paris annonce la fermeture du site Coco, “repaire de prédateurs”, qui a causé plusieurs drames dans le Nord

Guet-apens homophobes, agressions sexuelles sur mineurs… La “dangereuse” plateforme de discussion Coco a été fermée par la gendarmerie nationale et la direction générale des douanes. De quoi soulager les associations qui demandaient sa fermeture.

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Le site internet a provoqué plusieurs drames dans la région. C’en est fini de Coco, la plateforme de discussion considérée comme "un repaire de prédateurs" par des associations de défense de l'enfance et de lutte contre l'homophobie.

Le parquet de Paris a annoncé sur X la fermeture du site. Ce mardi 25 juin 2024, coco.gg n'était plus accessible. Un message sur fond bleu de la gendarmerie était affiché à la place de l’interface habituelle : "ce site a été fermé par la direction générale des douanes et droits indirects et la gendarmerie nationale, sous l'autorité de la Junalco [juridiction nationale en charge de la lutte contre la criminalité organisée, NDLR] du parquet de Paris".

“Un repaire et un ramassis de pervers”

D’après “une source proche du dossier”, citée par l’AFP, le propriétaire du site aurait été interpellé à l'étranger et sa femme serait en garde à vue dans le Var. “Cette fermeture est une bonne nouvelle parce que c’était un espace de discussion clairement nauséabond”, affirme Damien Bancal, journaliste spécialiste de la délinquance informatique. “Moi pour y être, pour remonter certains pirates, c’était un repaire et un ramassis de pervers…

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Coco existe depuis 2003”, précise le spécialiste. “Moi, ça fait plus de 10 ans que je suis choqué par ce qu’il se passe, y compris dans l’espace de discussion générale.” Il explique qu’à peine connecté comme utilisateur, il recevait instantanément des dizaines de messages : “Tu veux des relations sexuelles ? Des photos ? Des enfants ? Tu paies ?” Le tout sans aucune modération.

Cette fermeture est une bonne nouvelle parce que c’était un espace de discussion clairement nauséabond.

Damien Bancal

journaliste spécialiste de la délinquance informatique

Ce n’est “que depuis sept ou huit mois que les autorités se sont rendu compte que ce site a été utilisé à des fins criminelles”, explique Damien Bancal. Depuis le mois d’octobre 2023 déjà, l'association SOS Homophobie avait demandé sa fermeture après le guet-apens dont avait été victime un homosexuel à Marseille.

Le guet-apens qui a mené à la mort de Philippe Coopman

Dans le Nord, le site coco.gg avait aussi eu des répercussions dramatiques. À Grande-Synthe, dans la nuit du 15 au 16 avril 2024, Philippe Coopman, 22 ans, avait été tué lors d’un guet-apens organisé via ce site de rencontres. Son corps inconscient avait été découvert par les secours sur un parking de supermarché.

"Il présentait plusieurs traces de coups, notamment au visage", détaillait à l’époque le parquet de Dunkerque, qui a ouvert une enquête pour meurtre en bande organisée. Le jeune homme était décédé des suites de ses blessures. Deux mineurs, déjà connus des services de police avaient été interpellés et mis en examen pour assassinat.

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Fin avril, quatre hommes, dont deux mineurs, avaient également été mis en examen après plusieurs agressions à Saint-Pol-sur-Mer sur des victimes qui avaient rendez-vous via coco.gg.

Des catégories explicitement sexuelles voire pédocriminelles

Des guet-apens inquiétants mais aussi prévisibles, puisque coco.gg était fondé sur le principe d’un "site de chat sans inscription". Pour y accéder, il suffisait de renseigner son genre, son âge, son code postal et de se créer un pseudo, sans aucun contrôle.

On y trouvait notamment des catégories explicitement sexuelles, voire à connotation pédocriminelle, comme "femmes infidel", "trav salope", ou encore "lycéenne".

Il y a, à peu près, une agression par semaine en France. Je reçois plein de messages de mineurs et même de jeunes adultes qui se sont rendus sur le site.

Homayra Sellier

la présidente de l'association Innocence en Danger

Fin avril, l'association de protection des enfants contre toutes formes de violences, notamment sexuelle, Innocence en Danger, avait également appelé à “la fermeture immédiate” de la plateforme de discussion en ligne.

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Homayra Sellier, la présidente de l'association, interviewée par France 3 le 25 avril 2024, soulignait la dangerosité du site. “Il y a, à peu près, une agression par semaine en France. Je reçois plein de messages de mineurs et même de jeunes adultes qui se sont rendus sur le site”, expliquait-elle. “Aujourd'hui, elles nous aident. Elles se font passer pour plus jeunes. Une m'a dit qu'en quelques minutes, elle avait eu 45 demandes de rapports sexuels.”

Agressions sexuelles sur mineure à Valenciennes

Entre 2022 et 2023, une adolescente de 14 ans avait justement été victime d’actes pédocriminels, à Valenciennes, suite à des rencontres sur le site Coco. À l’issue d’une “fugue”, la mineure avait été retrouvée dans un bâtiment agricole du Pas-de-Calais, chez un homme âgé de 53 ans.

Dix hommes, âgés de 26 à 61 ans, ont ainsi été condamnés en mai 2024 à de la prison ferme pour agression sexuelle sur mineure. Tous ont eu des rapports sexuels, tarifés ou non, avec la jeune fille.

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Deux autres hommes ont été condamnés à des peines de prison avec sursis, pour avoir échangé des messages à caractère sexuel ainsi que des photos pornographiques avec elle.

Des questions pour le moment sans réponse

Avec la prolifération de crimes et de délits qu’a entraînés le site Coco, une question reste en suspens : que risque son créateur ? “Bonne question !”, déclare le spécialiste de la délinquance informatique Damien Bancal. “Pour le moment, on ne sait pas pour quoi il est poursuivi…

Je comprends qu’on veuille un espace où pouvoir échanger, mais sans modération ce n’est pas possible.

Damien Bancal

journaliste spécialiste de la délinquance informatique

Autre interrogation : verra-t-on le site réapparaître ? “Coco ne pourra pas revenir sous cette forme-là, car l'instigateur a été arrêté”, explique Damien Bancal. “Cependant, il peut être remis en place par d’autres internautes, qui ont compris qu’il y avait un business…

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Je comprends qu’on veuille un espace où pouvoir échanger, mais sans modération ce n’est pas possible”, avance-t-il. “Ça peut très vite mener à des débordements. La modération est indispensable pour une bonne ambiance et pour respecter la loi.

Il précise que quelques autres lieux similaires, “qui ne sont pas modérés”, existent toujours sur la toile. Mais Damien Bancal se veut rassurant : “Heureusement, on a quand même les autorités, la justice et les associations qui veillent.

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