La flambée du prix des carburants impacte durement de nombreux secteurs de l'économie. Les pêcheurs payent un lourd tribu. Témoignage.
« C’est très douloureux ». Laurent Tréguier, patron pêcheur à Lorient pèse ses mots, mais les chiffres qu’il annonce, parlent d’eux-mêmes.
Pour chaque marée de 24 heures, le Côte d’ambre, son chalutier-langoustinier de 16 mètres, consomme en moyenne 1200 à 1300 litres de gasoil.
En un an et demi, avec une consommation égale, on doit supporter un surcoût de 100 000 euros par an sur le prix du gasoil
Laurent Tréguier, pêcheur
Les marins directement impactés
La facture pèse sérieusement sur les comptes de l’entreprise, mais aussi sur les salaires des marins. Car dans la pêche, l’ensemble de l’équipage participe aux frais du bateau. Quand le prix du gasoil augmente, la part de chaque marin diminue donc proportionnellement.
Pour Laurent Tréguier le calcul est simple : « Aujourd’hui ce sont 40 000 euros en moins à se partager. A travail égal, on perd donc 400 euros par mois, minimum ! ».
Tout augmente sauf le poisson
Dans le même temps, de nombreux matériaux et équipements utilisés dans la pêche, comme les filets, sont des produits issus de l’industrie pétrolière. Leur prix a donc aussi augmenté. Idem pour les équipements en acier, et de nombreuses autres matières premières. « Tout ça complexifie l’équation, d’autant que le prix du poisson lui n’augmente pas, donc on ne peut pas répercuter ces coûts » explique le marin.
Le patron lorientais reste très mesuré dans ces propos, mais il est inquiet pour son entreprise et pour la pêche en général. « On sait que tout le monde fait des sacrifices, mais ça va devenir compliqué et ça pourrait créer des tensions ».