Rassemblement contre la surveillance à Locmiquélic, "on voudrait développer un climat de bien-vivre, pas un climat de suspicion"

Ce 23 mars 2024, une cinquantaine de manifestants se sont donné rendez-vous devant la mairie de Locmiquélic dans le Morbihan. Ils s’opposent à la création d’un protocole de Participation citoyenne. Un dispositif qui charge certains habitants de signaler aux forces de l’ordre toute situation anormale. Les opposants dénoncent un projet à la mode "Big brother" et demandent son abandon.

"Moi, ce qui me choque, c’est que la mairie veuille mettre en place une culture de la sécurité alors qu’on pourrait mettre en place une culture de la solidarité, de l’entraide et développer un climat de bien vivre et pas un climat d’insécurité et de suspicion", regrette Cécile Desprez.

Dans la petite commune de 4 000 âmes face à Lorient, le projet du maire d’adhérer au dispositif participation citoyenne suscite bien des inquiétudes.

 

Ce 23 mars, une cinquantaine de manifestants se sont rassemblés sur les marches de la mairie pour dénoncer le projet.

Locmiquélic, commune où il fait bon vivre

"Locmiquélic est une commune tranquille", affirment-ils. Elle est classée au label Villes et villages où il fait bon vivre, première du département dans la catégorie des villes de 3 500 à 5000 habitants et 23ᵉ en France dans cette catégorie.

"Nous avons demandé les chiffres des violences et de la délinquance, nous ne les avons pas obtenus", poursuit Cécile Desprez. "Comment, dans une commune aussi paisible que la nôtre, cette idée a-t-elle pu faire son chemin ?"

Des référents chargés de signaler des situations anormales

Le maire, Eric Paturel, a annoncé sa volonté de participer au dispositif Participation citoyenne à l’automne dernier. Des référents seront chargés de signaler aux forces de l’ordre "toute situation anormale".

Sur les réseaux sociaux, l’élu s’explique : "Locmiquélic est la 60e commune du département à adhérer au dispositif. À Locmiquélic aussi, la délinquance existe, elle progresse hélas, elle est mobile et se déplace. On ne compte plus le nombre de cambriolages sur Locmiquélic et les communes avoisinantes ainsi que les incivilités en tout genre. C'est factuel et c'est malheureusement le triste constat qui s'impose à nous." 

Et l’élu rapporte, pour exemple, les faits survenus le 22 février. "Le signalement effectué par un riverain auprès de la gendarmerie d'un individu escaladant une clôture de 2 mètres de haut a permis d'éviter une tentative de cambriolage dans le quartier de Lan Er Guer. À ce titre, je remercie infiniment ce citoyen responsable pour sa réaction civique, je remercie également la gendarmerie de s'être déplacée rapidement."

Une situation malsaine

Mais certains citoyens de la commune de 4 000 âmes s’interrogent : "C’est quoi une situation anormale ? Pourquoi nul ne connaît ni les noms des référents, ni la manière dont ils ont été désignés ? À quoi faut-il ressembler pour ne pas être suspect ? " Les manifestants évoquent une situation "malsaine".

Si quelqu'un dans la rue regarde une maison ou un jardin, est-ce qu'il faut en faire un suspect ?

Sabine Desplats

Sabine Desplats habite dans la commune depuis 18 ans. "Les mots ont un sens, " répète-t-elle à plusieurs reprises. Vigilant, c'est mettre les citoyens en situation de vigie. J'entends Vigile, au cas où il se passe quelque chose. Mais la vigilance, ça risque de partir vers la délation, et ce risque-là, il est vraiment très grave. Si quelqu'un dans la rue regarde une maison ou un jardin, est-ce qu'il faut en faire un suspect ? "

Et le droit dans tout ça ? 

"Ce n'est pas aux citoyens de faire respecter la loi, c'est à la Gendarmerie de le faire, précise Florian Blévin. Ce qui m'inquiète, c'est quand les communes demandent aux citoyens de dénoncer tels ou tels faits. Ce n'est pas une bonne démarche. Normalement, l'objectif, c'est de faire société !"

Un dispositif qui nous rappelle avec honte les années noires

Collectif des habitants pour l'abandon du protocole de surveillance mis en place par la mairie

"Vous choisissez ici de mettre en place un dispositif qui nous rappelle avec honte les années noires de nos communes qui ne sont pas si lointaines. Nous aurions préféré que vous défendiez le respect, le vivre-ensemble, la solidarité et l’accueil", écrivent les opposants dans le texte de la pétition en ligne qui a rassemblé près de 400 signatures.

"Certaines études ont même montré que mettre en place ce genre de surveillance générait de l'insécurité", souligne encore Cécile Desprez.

Les citoyens rassemblés ce 23 mars demandent donc " l’abandon de ce dispositif, que nous estimons déplacé dans notre jolie commune." 

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