Rumeurs à tous les étages, anxiété qui monte dans les services. L'arrivée du nouveau directeur du groupe hospitalier Bretagne Sud est mouvementée à Lorient. Suite à l'annonce d'une situation financière très tendue, un début de panique se répand au Scorff. "Il a réussi l'exploit d'unifier les syndicats de l'hôpital. C'est du jamais vu !"
"Il dit tout et son contraire, ne donne aucune information concrète. Il essaye de nous diviser." Autour de la table de l'intersyndicale, le ton est unanime... Jean-Christophe Phelep, le nouveau directeur du groupe hospitalier Bretagne sud (GHBS), serait comme un loup entré dans la bergerie avec un seul objectif selon les syndicats : des réductions budgétaires. Depuis son arrivée début juillet, un vent de panique se répand dans tous les services.
"En deux mois, il a réussi l'exploit de réunir pour la première fois une intersyndicale à l'hôpital du Scorff". La CGT, Sud, la Fédération Autonome (FA) et la CFDT, se sont en effet réunis ce vendredi 22 septembre 2023, pour s'organiser contre une casse de leur hôpital. Lorient n'échappe pas non plus aux tensions qui touchent les autres hôpitaux bretons.
"Il nous a décrit une situation financière catastrophique. Rouge, rouge !"
Le 1ᵉʳ septembre dernier, Jean-Christophe Phelep a pris rendez-vous avec les différents syndicats. "Il nous a décrit une situation financière catastrophique, se rappelle Anne Pérennec, secrétaire médicale et syndicaliste à la FA. Rouge, rouge !" Même son de cloche auprès des autres syndicats. "Il annonce tout de suite la couleur budgétaire, avance Ludovic Bénabès, représentant syndical à la CGT. Il annonçait sans le dire ouvertement que des économies seraient à faire."
"L'hôpital est endetté, la situation financière est préoccupante, la capacité à investir est dégradée... Faites-moi des propositions", aurait alors déclaré Jean-Christophe Phelep aux différents syndicats. "Il nous a présenté une situation bien plus catastrophique que la réalité, déplore Marie Helliet, pour la CFDT. Sans donner aucun chiffre pour autant."
Sondages sauvages
"S’il veut trouver des marges de manœuvre, il n’a pas mille choix, s'inquiète-t-on immédiatement du côté de la CGT. Les économies vont se faire sur la masse salariale et cela risque de se faire dans la douleur." Au-delà des inquiétudes, des premiers signes pour le moins maladroits commencent à apparaître dans l'hôpital.
"Des sondages sauvages sont affichés dans tous les services, décrit Ludovic Bénabès. Voulez-vous passer aux 12 heures jour ? Oui ? Non ?" Des consultations non officielles de chefs de service auraient également eu lieu. "Ça a mis le feu aux poudres", explique Anne Pérennec. Rapidement, la rumeur enfle dans tout l'hôpital. Réduction des effectifs, non-remplacement de personnels, modification des temps de travail, etc. "Le niveau d'anxiété du personnel est monté à un niveau jamais vu", détaille Ludovic Bénabès.
Peur généralisée
"Aujourd'hui, la peur est généralisée", avance Marie Helliet, pour la CFDT. "Il a un gros passif dans les autres groupements hospitaliers dans lequel il est passé. C'est un financier qui est là pour mettre en place un plan drastique."
D'autres éléments inquiètent le personnel : deux postes de brancardiers ne sont pas remplacés, des postes de CDI qui devaient être signés début septembre ne le sont finalement pas. Des lignes de remplaçants seraient supprimées des plannings. Les projets du GHBS sont gelés jusqu'à nouvel ordre. Mais à chaque fois... aucun écrit, aucune prise de parole publique de la part de la direction.
"Il va se prendre un tsunami !"
"On a décidé de faire des assemblées générales sur chaque site de l'hôpital, annonce l'intersyndicale. Une motion sera lue lors de la prochaine instance jeudi 28 septembre. Tout le personnel sera informé par nos tracts. On ne se laissera pas faire."
Si aucune réponse n'est donnée de la part de la direction, la semaine prochaine risque d'être bouillonnante, promettent les syndicats. "Il n'a pas compris qu'il était arrivé en Bretagne. On va s'organiser, mobiliser la population et les élus s'il le faut. Il va se prendre un tsunami !"
Malgré nos sollicitations, la direction de l'hôpital a décidé qu'elle ne répondrait pas à nos questions.