Un procès d'assises fictif pour sensibiliser à la prostitution des mineurs, ce jeudi à Lorient

Un procès fictif aura lieu le 25 novembre à Lorient et aura pour thème la prostitution des mineurs. En France, cette prostitution prend de l'ampleur, poussant le gouvernement à annoncer un plan de lutte ministériel.

Une jeune accusée mineure. Un jury composé de six personnes. Des avocats, des magistrats, un procureur. Tous les éléments d'un procès seront réunis ce 25 novembre mais il sera fictif, pour interroger sur le phénomène de la prostitution des mineurs et comprendre ses conséquences.

190 spectateurs y sont attendus, avec un rôle à jouer. Six jurés seront en effet tirés au sort dans le public. A la fin du procès, un temps d'échange aura lieu avec un des membres du Nid.

Entre 7000 et 10 000 mineurs seraient prostitués en France, en majorité des jeunes filles âgées de 15 à 17 ans. Ces chiffres sont en augmentation relève Marie-Renée Jamet, déléguée départementale du mouvement du Nid dans le Morbihan ((une association qui soutient les personnes prostituées). "C'est une prostitution peu visible, cachée, qui se fait via les réseaux sociaux". 

Un événement participatif pour mieux sensibiliser

Ce procès a lieu grâce à la start up Polymnia, basée en région parisienne et créée en 2018.

Composée de professionnels en droit, elle mise sur l'éloquence et propose ces procès fictifs avec plusieurs ambitions : entraîner un débat citoyen, vulgariser un maximum le domaine de la justice.

"Le but c'est partir d'une histoire pénale qui va toucher les gens, chaque personnage va offrir des prismes différents. Dans le cas de la prostitution des mineurs, on insiste sur le rôle du client", explique Nathan Bonnet, gérant de Polymnia. Avec son équipe, ils ont travaillé sur cette thématique car dit-il "c'est un phénomène lié à notre époque". 

Avec le Nid, ils se sont accordés sur un format, après de nombreux échanges autour de la mise en scène.  

Un plan interministériel pour lutter contre la prostitution des mineurs

Le 15 novembre, le gouvernement a annoncé l'instauration d'un plan de lutte contre la prostitution des mineurs, doté de 14 millions d'euros et qui travaillera sur quatre axes : sensibiliser, repérer, protéger, réprimer. Il sera mis en œuvre au cours des neufs prochains mois. 

Le premier volet consistera à mieux connaître ce phénomène encore largement méconnu, grâce au financement de projets de recherche. 

Pour accompagner les familles démunies face à leur enfant, le gouvernement va mettre en place "une plateforme d'écoute unique" et entend "mailler le territoire d'associations spécialisées". Il s'agira ensuite de "sensibiliser les enfants eux-mêmes à l'école et former l'ensemble des professionnels en contact avec eux, communauté éducative, travailleurs sociaux, forces de police et gendarmerie", a expliqué Adrien Taquet, le secrétaire d'Etat à l'Enfance lors de la conférence de presse. 

Il s'agit de mieux repérer les "signaux faibles" qu'un jeune est en train de basculer dans la prostitution : changement de comportement, décrochage scolaire, isolement ou fugue.

"Je me suis confrontée à l'incompréhension des gendarmes. Si elle y allait, c'est qu'elle était consentante, ils ne comprenaient pas le phénomène d'emprise. Ils pensaient qu'elle faisait ses passes volontairement", a témoigné lors de la conférence de presse Jennifer Pailhé, maman d'une jeune fille qui s'est prostituée.

Maraudes numériques 

Alors qu'internet est de plus en plus le lieu de recrutement pour la prostitution et le moyen d'organiser les rendez-vous, les travailleurs sociaux auront des moyens renforcés pour effectuer des "maraudes numériques" : aller "sur les réseaux sociaux pour repérer les victimes qui publient des annonces afin de nouer un premier contact", selon M. Taquet.

Le gouvernement veut aussi mettre la pression sur les plateformes de location d'appartements, où se déroulent de plus en plus les rencontres. Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, a indiqué qu'il porterait devant le Conseil européen, pendant la présidence française de l'Union européenne au premier semestre 2022, "des mesures pour imposer aux plateformes d'hébergement locatives une obligation de répondre dans les enquêtes concernant la traite ou le proxénétisme de mineurs".

"Les plateformes locatives comme Airbnb doivent alerter un client sur les risques que son appartement puisse donner lieu à un comportement prostitutionnel, et mettre à profit les algorithmes pour déceler les clients qui ont des comportements suspects", a ajouté M. Taquet.

Un "magistrat référent" sera désigné dans chaque tribunal. Du côté des forces de l'ordre, le gouvernement entend "renforcer les capacités d'enquêteurs sous pseudonymes" et développer les "enquêtes sur le cyberproxénétisme".

"Ce plan est une vraie avancée. C'est la première fois que j'ai le sentiment qu'il y a une volonté politique de lutter contre la prostitution des mineurs", a réagi Armelle Le Bigot-Macaux, présidente de l'association ACPE (Agir contre la prostitution des enfants).

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