VIDÉO. Amiante. La justice dit "non" à un procès au pénal. Les associations de victimes continuent le combat

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L'Addeva 56 est l'association de défense des victimes de l'amiante dans le Morbihan
Reportage de Yoann Etienne et Stéphane Izad ©France 3 Bretagne

C'est une nouvelle déconvenue pour les victimes de l'amiante. Près de 2.000 d'entre elles espéraient obtenir un procès au pénal contre 14 personnes ayant eu des responsabilités nationales. Or, ce vendredi 19 mai 2023, la justice a estimée "irrecevable" une citation directe déposée en novembre 2021. Une décision qui suscite le désarroi des associations de victimes en Bretagne.

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6 septembre 1996 : le parquet de Paris ouvrait la première procédure pénale (contre X) pour une exposition à l'amiante, après la plainte d'un électricien atteint d'un cancer de la plèvre. Depuis les affaires se sont enchaînées au même rythme que les non-lieux.

Faire reconnaître la responsabilité pénale dans le scandale sanitaire de l'amiante reste l'objectif affiché par plusieurs associations de victimes, mais "sans grande illusion parfois", selon Julien Le Calvar, vice-président de l'association de défense des victimes de l'amiante dans le Morbihan.

"Quand quelqu'un dépose une plainte au pénal en disant 'mon employeur a provoqué ce qu'il m'arrive il y a 60 ans', ça ne tient pas, indique-t-il. Le pénal aime travailler dans l'instant. Plus le temps passe plus on ira vers l’effacement et l’abandon."

Classée cancérigène depuis 1970

Ce vendredi 19 mai, le tribunal correctionnel de Paris a jugé "irrecevable" la citation directe lancée en 2021 par 1.850 plaignants.

Cette procédure visait 14 personnes, dirigeants d'entreprises, médecins, responsables politiques, accusés d'avoir fait retarder l'interdiction de cette fibre classée cancérigène à la fin des années 1970.

Sauf dérogation exceptionnelle et temporaire, l'amiante est interdite en France depuis 1997. "Seulement 1997, déplore Michel Parigot, responsable de l'association nationale des victimes de l'amiante. Au moment ou on savait tout, à la fin des années 70, les industriels se sont organisés et ont mis en palce une stucture de lobbying pour qu'on n'interdise pas l'amiante, qu'on ne prenne pas de mesure de protection, pour pouvoir continuer librement à utiliser ce matérieu cancérogène et en connaissant tous les risques."

Le combat n'est pas terminé 

Du côté de la fonderie de Bretagne à Caudan, d’anciens salariés envisagent également de déposer une plainte au pénal visant leur employeur. "En Italie des gens ont été condamnés, indique Tahar Bejaoui, représentant de la section CGT retraités de la Fonderie de Bretagne. Il faudra qu'on arrive à quelque-chose. On ne demande pas du fric mais la reconnaissance de l'erreur."

Selon le Haut Conseil de la Santé publique, l'amiante pourrait être responsable de 70.000 à 100.000 décès d'ici 2050.

(Avec Yoann Etienne)

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