Le 24 avril 2013, une usine textile s'effondrait en Asie et causait la mort de 1 135 travailleurs. Après ce drame, une créatrice anglaise, Carry Somers, a souhaité rendre hommage aux employés de l’industrie de la mode. La "Fashion revolution day", "Journée de la mode responsable", nous invite à réfléchir à nos achats. Vêtements de seconde main, vêtements éthiques… en Bretagne, des solutions existent pour être élégant sans abimer la planète.
Ce 24 avril, les magasins Sacré dressing d’Emmaüs du Morbihan proposent aux clients et clientes de remplir un panier de vêtement pour 35 euros. "Tout ce que vous mettez dans votre panier, précise Martine Maugan, responsable du pôle vente Retritex. Vous pouvez mettre une vingtaine de robes ou de chemisiers, c’est vraiment une bonne affaire".
Tous les ans, dans les 240 containers installés dans le Morbihan, les Côtes-d'Armor et le Finistère, Emmaüs récupère quelques 4 400 tonnes de vêtements éclaire Vanessa Janvier, responsable d'atelier Retritex.
4 400 tonnes de vêtements récupérés chaque année
Dans les locaux de l'entreprise d’insertion, pantalons, chemises, pulls et manteaux sont triés. Une petite partie (moins de 10%) est jetée parce que trop usée, 40% partent pour être vendus sur les marchés en Afrique, 40% servent à faire du tissu recyclé et 7% partent vers les boutiques Sacré dressing.
"C’est bien parce que les vêtements, on les met une saison et puis on s’en lasse, confie Céline Simon
cliente d'Emmaüs Sacré Dressing. Là, on peut se faire plaisir pour pas cher. Moi, je ne vais plus jamais dans les boutiques. "
"Pour nos clients, il y a le côté économique, et puis il y a le côté éthique, poursuit Martine Maugan. Les jeunes notamment préfèrent acheter des vêtements de seconde main. Ils ont conscience du poids environnemental de la mode. Ils se sentent plus responsables en agissant ainsi. "
La mode de la seconde main
Aujourd’hui en France, 7 clients sur 10 choisissent des vêtements de seconde main. Avec une croissance de 28% l'an passé, le marché mondial approche les 200 milliards de dollars et devrait doubler d'ici 2028, la mode est au déjà porté !
Une fast-fashion gourmande en énergie et en eau
Selon OXFAM, l’industrie textile est le troisième secteur le plus consommateur d’eau dans le monde après la culture du blé et du riz. La production de textile utilise 4% de l’eau potable disponible dans le monde.
On dit qu’un jean peut parcourir jusqu’à 65 000 km du champ de coton au magasin de vente, soit 1,5 fois le tour de la planète. 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre sont émis chaque année par le secteur du textile, ce qui représente jusqu’à 10 % des émissions de gaz à effet de serre mondiaux.
Pendant longtemps, les marques proposaient une collection en hiver, une autre en été. Depuis le début des années 2000, il en sort tous les mois, au moins. Aujourd’hui, environ 130 milliards de vêtements sont consommés par an. Leur production a doublé entre 2000 et 2014.
Des vêtements éthiques
Cécile Vourch a toujours été passionnée de mode, a toujours eu envie d’avoir son style. Mais la jeune femme vivait de plus en plus mal le fait d’acheter des vêtements. "Je me disais, super, t’as acheté un truc, t’as du style, mais à l’intérieur de toi, tu ne te sens pas bien. Tu te sens coupable. J’étais confrontée aux effets délétères de la production de masse. "
Cécile Vouch rêvait de créer "une marque de vêtements sans production de vêtements". Il y a un an, elle a lancé La veste tatouée. Pari gagné, elle ne produit effectivement rien d'autre que du beau !
Elle chine dans les boutiques de fripes des vestes, des jupes ou des sacs, qu’elle orne des broderies originales qu’elle dessine. " J'ai voulu créer des pièces à partir de tous les vêtements qui dorment dans les placards. En les tatouant avec des broderies, il est possible de créer une marque fashion qui s'inscrive dans une dynamique anti-gaspillage " dit-elle.
Elle vend ses créations sur son site et dans les conventions de tatouages. Chaque pièce est donc unique. Le style sans la culpabilité ! C’est sans doute cela, le vrai chic !