Le tribunal administratif de Rennes a annulé les permis de construire de 16 éoliennes en forêt de Lanouée (Morbihan), deuxième massif forestier breton, invoquant la richesse écologique du milieu et les dimensions "hors d'échelle" du projet, a-t-on appris lundi 10 juillet.
Le parc éolien, porté par la société Les Moulins de Lohan, filiale du groupe canadien Boralex, vise à construire 16 éoliennes d'une emprise au sol de 16 ha, soit 0,4% des 3.800 ha de la forêt, pour un périmètre total de 331 hectares et une puissance installée de 50 MW.
Le juge administratif a annulé les permis de construire délivrés en février 2014 par le préfet du Morbihan, suivant l'avis du rapporteur public et du juge des référés. Il a également annulé l'autorisation d'exploiter, de défricher, et de déroger à l'interdiction faite par le Code de l'Environnement de détruire des espèces protégées.
Éviter l'impact sur la forêt
Dans ses motivations, le tribunal souligne que la forêt de Lanouée constitue un "réservoir de biodiversité (...) et représente un élément d'identité fort du territoire dans lequel il s'insère". Il s'appuie également sur les conclusions des services du ministère de la Culture, qui ont jugé "le projet totalement incohérent par ses dimensions hors d'échelle avec la qualité paysagère de cette forêt remarquable du Morbihan à laquelle il porterait une atteinte irrémédiable".
"Compte tenu tant du nombre d'éoliennes que de leurs dimensions, culminant à 185 mètres, l'impact paysager du projet sera difficile à atténuer", précise encore le tribunal. Me Sébastien Collet, qui défend des riverains et la Société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France (SPPEF), s'est félicité d'une décision d'annulation "assez exceptionnelle".
"Tous les services de l'Etat disaient que cet endroit était exclu pour l'éolien et le juge considère aussi qu'il n'est pas possible de construire un parc éolien dans une forêt remarquable, le second massif forestier breton, alors qu'il y a déjà 53 éoliennes en activité dans le secteur", a-t-il ajouté. Selon l'avocat des Moulins de Lohans, Me Julien Bonnat, 68 millions d'euros ont déjà été engagés dans ce projet, sur un total de 90 millions.
"Aucune erreur de droit n'a été retenue, le tribunal invalide tout le dossier et nous dit Pas d'éoliens en forêt. Pour un dossier qu'on suit depuis 4 ans, je trouve que l'instruction a été faite très à charge", a-t-il déclaré à l'AFP, précisant qu'il conseillait à son client de faire appel "au vu des subjectivités des décisions".