C’est une jolie maison de pierre à Pluneret. A l’intérieur, une cuisine, des chambres, une salle de sport et de jeux... et des militaires qui tentent ici de se reconstruire après des blessures psychiques. C’est la quatrième maison Athos en France. Elle a été inaugurée ce 27 avril par la secrétaire d'État auprès du ministre des Armées, Patricia Mirallès.
C’est quand il s’est retrouvé à hurler sous une table au moment où le feu d’artifice éclatait qu’Adrien a compris qu’il y avait un problème. Le 2 juillet 2012, le jeune démineur est pris dans une embuscade en Afghanistan. Tirs de roquettes, de mitraillettes. Il rentre sain et sauf, mais cinq ans plus tard, Adrien ressent les effets du traumatisme.
Il tente d’abord d’oublier l’incident dans l’alcool, les stupéfiants. Petit à petit, il s’isole, "j’étais dans ma chambre, je ne faisais rien, je n’avais plus le goût à la vie", témoigne-t-il.
À 34 ans, Adrien essaie aujourd'hui de se reconstruire. Pour l'aider, un psychiatre l’a orienté vers la maison Athos. Ici, il va pouvoir prendre part à des activités sportives, culturelles, ou tout simplement retrouver le goût des choses simples du quotidien.
Le combat de la guérison
"C’est une maison non médicalisée, un lieu de vie, explique Arnaud Le Guern, le directeur de la maison Athos d'Auray. Les militaires pourront y venir pour quelques jours ou pour quelques heures. Nous serons là pour les accompagner. "
"Une blessure psychique, détaille-t-il, ce n’est pas comme les autres blessures, on ne sait pas comment ça va évoluer. Parfois, le patient fait un pas en avant, puis deux pas en arrière. Beaucoup de blessés vont être repliés sur eux même, avoir développé des phobies sociales, une sorte d’hyper vigilance au monde extérieur. Pour eux, aller acheter du pain à la boulangerie, se rendre dans un lieu comme cela, ça peut paraitre compliqué."
Adrien se réjouit de pouvoir faire la cuisine avec les autres pensionnaires, "manger ensemble, discuter de tout, de rien, cela fait du bien" dit-il simplement.
Bientôt dix maisons Athos en France
Depuis 2021, les maisons Athos ont accueilli quelques 300 militaires. Celle d'Auray est la quatrième construite en France. Patricia Mirallès, la secrétaire d’État auprès du ministre des Armées, en promet dix. "On y mettra l’argent qu’il faudra parce qu’on leur doit", déclare-t-elle.
Les blessures psychiques ne doivent pas être les blessures de la honte
Patricia Mirallès, secrétaire d’État auprès du ministre des Armées
"Ils nous disent tous : 'on connait des frères d’armes qui souffrent, mais qui n’osent pas encore le dire'. Les blessures psychiques ne doivent pas être les blessures de la honte".
Selon le ministère des Armées, près de 3 000 militaires français blessés psychiques ont été recensés de 2010 à 2019, soit cinq fois plus que le nombre de blessés physiques.