Les professionnels des pompes funèbres alarment sur le manque d'équipements de protection, alors qu'ils sont eux aussi en première ligne dans la lutte contre le Covid-19. Ils se sentent oubliés par le gouvernement.
En bout de ligne, et pourtant "sur le front", eux aussi. Dans la lutte contre l'épidémie de coronavirus, les professionnels des pompes funèbres sont "oubliés", déplore Alexia Duclos, responsable d'établissements funéraires dans le Morbihan et les Côtes-d'Armor.
On ne parle pas de nous, on ne nous entend pas.
Les opérateurs funéraires sous-équipés
Les agents de pompes funèbres qui récupèrent et manipulent les corps des patients décédés du Covid-19 s'exposent directement au virus.
Comme plusieurs professionnels que nous avons contactés, Alexia Duclos a dû faire appel aux dons pour s'équiper en masques et blouses de protection. Leurs stocks s'écoulent et ils ne parviennent plus à passer commande auprès des fournisseurs.
Vendredi soir, le gouvernement a inscrit les opérateurs funéraires sur la liste des bénéficiaires prioritaires d'équipements de protection individuelle (EPI). Une annonce qui rassure la responsable de pompes funèbres. "Il était plus que temps !"
"On va travailler la boule au ventre"
Mais les préconisations annoncées les contrarient, voire les mettent en colère. "L'avis du Haut Conseil de la Santé publique indique que les proches peuvent voir le visage du défunt sans risque sanitaire", rappelle le gouvernement.
Jusqu'à présent, le premier avis en date du 18 février demandait aux agents de garder les housses fermées et de procéder à une mise en bière immédiate.
"Je ne comprends pas une telle décision quand le nombre de cas augmente et que nous manquons déjà de protections", soupire une conseillère funéraire sur le secteur de Vannes, qui a souhaité rester anonyme.
Nous n'avons pas assez de recul sur cette crise et je ne me sens pas en sécurité pour aller exercer
"C'est une aberration ! C'est un danger de contamination en plus, pour la famille et pour les thanato qui font la toilette mortuaire", s'inquiète Régis Narabutin, secrétaire général du syndicat professionnel des thanatopracteurs indépendants et salariés (SPTIS), basé dans les Côtes-d'Armor. Le SPTIS a d'ailleurs alerté sur sa page Facebook et écrit à plusieurs reprises au Président et aux parlementaires.
"On va travailler la boule au ventre, raconte David Bodénès thanatopracteur du Finistère. D'autant plus qu'on ne connaît pas toujours les causes du décès, si le défunt est contaminé ou non notamment dans les Ehpad."
"On comprend le désarroi des familles"
Les pompes funèbres comprennent "le désarroi des familles", assure Régis Narabutin. "Certains thanato sont en larmes de ne pas pouvoir les aider."
"Mais sans matériel et sans mesures sanitaires renforcées, il ne sera plus possible d'aller chercher les corps. Il y aura une crise dans le crise."